L’autre aspect qui incite les joueurs à revenir régulièrement sur Destiny c’est son gameplay. Il faut reconnaître que Bungie domine son sujet. Personnellement, je n’ai jamais joué à Halo (oui, je sais, c’est sale), mais je connais la réputation de cette saga qui est encore citée aujourd’hui comme étant un mètre étalon du
FPS sur console. Entre 2001 et 2010, Bungie a passé presque une décennie entière à peaufiner sa maîtrise dans ce genre précis du jeu vidéo. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les premières ébauches de Destiny prévoyaient un système de jeu beaucoup plus proche d’un RPG classique, avec des personnages vus à la troisième personne. L’ambiance était bien plus fantastique que SF, avec des personnages du type “
healer-DPS-tank" - qu’on retrouve d’ailleurs plus ou moins encore dans le Destiny actuel avec les Arcanistes, Chasseurs et Titans, même si c’est clairement moins stéréotypé que dans un RPG. Les Arcanistes peuvent par exemple faire apparaitre sous leurs pieds une zone de soin pour eux-mêmes et leurs alliés, les Titans peuvent s’appliquer des sur-boucliers permettant d’encaisser plus de dégâts, etc. Et puis finalement, probablement aussi sous l’impulsion d’Activision qui voulait rentabiliser l’affaire en misant sur une valeur sûre, le studio a décidé de faire ce qu’il sait faire : un FPS dans un univers SF...
Dire aujourd’hui si cette décision était la bonne ou pas est impossible, on ne peut pas savoir ce qu’aurait donné le jeu si Bungie avait eu les mains plus libres. Toujours est-il que d’un point de vue du ressenti en jeu, Bungie sait faire des
FPS. Quoiqu’on puisse dire sur les qualités et les défauts du jeu, quoiqu’on puisse reprocher à Bungie sur la gestion de tout un tas de choses – un modèle économique onéreux, un déséquilibre manifeste en JcJ, une latence hors-norme pour sortir des patchs pourtant réclamés par la communauté..., on ne peut pas vraiment reprocher à Bungie de ne pas avoir su créer un jeu dont le feeling général est ultra kiffant.
Prenez un néophyte, quelqu’un qui n’a même joué à un FPS de sa vie, mettez-lui une manette dans les mains et faites-le jouer à Destiny. Vous verrez très vite que ce joueur prendra du plaisir, j’en suis à peu près certain, et je l’ai constaté moi-même.
Dans Destiny, chaque arme donne l’impression d’avoir été conçue de manière à la rendre unique. Le design, le son, l’animation de rechargement, la sensation d’impact sur les ennemis... tout est fait pour que le joueur prenne du plaisir à aller éclater des
mobs par centaines. Les armes exotiques en particulier – les plus rares du jeu – ont toutes quelque chose qui les rend vraiment particulières, un trait, une caractéristique qui fait que vous vous dites que cette arme n’est vraiment pas comme les autres. En jouant à Destiny vous vous surprenez parfois à inspecter le contenu de votre coffre et à vous dire, tiens je vais essayer cette arme pour voir si elle est cool. Cela se fait parfois sous l’impulsion d’un patch qui rend votre
stuff obsolète et vous pousse à vous adapter, ou d’un contrat qui vous demande d’aller faire des
frags avec un type d’arme que vous n’utilisez jamais ; la sensation de découvrir une arme avec laquelle on ne pensait pourtant jamais jouer est plutôt plaisante. Bien sûr, comme dans tout jeu basé sur le
loot, chaque nouvelle récompense sera l’occasion de mettre la main sur une arme dotée d’un meilleur
roll, sur une armure dotée de meilleurs statistiques ; chaque
loot positif sera bien évidement accompagné de sa petite libération de dopamine qui fait du bien.
Et ainsi vous poursuivez la boucle qui vous pousse à avoir toujours mieux. Bien sûr, tout ce système à ses limites,
si vous êtes un joueur très assidu il arrivera forcément un moment où vous n’aurez plus grand-chose à aller chercher, par exemple lorsqu’une fois arrivé en fin de saison vous avez obtenu à peu près tout ce que la saison avait à vous offrir, il arrivera un moment où refaire les mêmes activités en boucle perdra de son intérêt, et ces moments-là sont souvent pour moi l’occasion d’aller jouer à autre chose et attendant que Bungie y ajoute du neuf, ce qui en général ne prendra jamais plus que quelques semaines. Et à ce moment-là, comme un
addict compulsif des jeux à gratter, je vais forcément aller gratter quelques tickets de plus.
En parlant d’actes compulsifs,
Bungie a d’ailleurs fait beaucoup d’efforts depuis environ un an pour réduire la sensation de FOMO liée à des contenus auxquels on ne peut accéder que pendant une période limitée (le “
fear of missing out” qu’on peut littéralement traduire par “peur de rater quelque chose” est la sensation d’angoisse que peuvent ressentir certains joueurs lorsqu’ils sont dans l’incapacité de pouvoir se connecter à un jeu pendant une certaine période, ce qui peut parfois conduire au fait de manquer un événement important, telle que la sortie d’une arme inédite qu’on ne pourra ensuite plus avoir). Par exemple, lors des quatre saisons de l’année “Bastion des Ombres”, du contenu pouvait apparaitre pour la durée d’une saison (comptez généralement 3 mois, même si certaines sont parfois plus longues) et disparaître définitivement ensuite ; parfois même certaines quêtes offrant une récompense inédite n’étaient faisables que pendant deux ou trois semaines. Il suffisait que vous ne puissiez pas vous connecter à cette période-là pour rater quelque chose que vous ne pouviez plus rattraper ensuite. Frustrant. Surtout quand la récompense que vous avez ratée est un fusil à pompe qui domine la meta en JcJ pendant 6 mois et que tout ce qu’on a à vous répondre est “il fallait être là au bon moment”... Depuis le début du cycle “Au-delà de la Lumière”, les activités saisonnières restent disponibles toute l’année et un joueur peut désormais rattraper son retard à son rythme (sauf événements ponctuels tels que la fête d’Halloween par exemple). Les développeurs ont intégré un système de défis hebdomadaires qu’on peut compléter soit très scolairement au moment où ils sortent, soit à son propre rythme un peu plus tard.
Ces défis vous récompensent en vous faisant découvrir l’intrigue narrative au fur et à mesure de votre propre temps de jeu, ce qui vous permet de ne rien rater de fondamentalement important.
D’un point de vue narratif, on peut admettre que Destiny 2 se bonifie avec l’âge. Le jeu a connu ses phases sombres avec une intrigue non seulement difficile à suivre mais surtout pas toujours très intéressante. Désormais chaque saison raconte une histoire dont les objectifs sont clairs et qui peut être suivie à son propre rythme. Depuis un an chaque avancée scénaristique peut-être suivie au CIMU, sorte de hub privé qui permet de découvrir les conséquences de nos actes sur les relations entre les PNJ, épisode par épisode, un peu comme une série télévisée pour laquelle on peut soit regarder chaque nouvel épisode dès qu’il sort, soit attendre la fin de la saison pour tout dévorer d’un coup. Les éléments importants sont régulièrement exposés via une courte cinématique, un hologramme, un message radio, qui viennent appuyer le sentiment que le joueur est en train de vivre quelque chose qui bouscule l’univers. Les aspects narratifs sont d’ailleurs renforcés par un
lore particulièrement riche et profond, qui se compose de multiples histoires qu’on débloque en jouant, et qu’on peut lire si on le souhaite. Pour celui qui aime se perdre dans la mythologie d’un jeu, Destiny 2 peut offrir des heures de lecture.
D’une manière générale,
jouer à Destiny c’est se connecter pour retrouver ses amis, farmer du contenu qu’on a peut-être déjà fait 100 fois, mais qu’on accomplit comme un rituel rassurant. Les joueurs les plus téméraires peuvent se rassembler pour tenter d’accomplir des défis de haut niveau, comme par exemple terminer un
pass parfait dans le mode JcJ “Jugement d’Osiris” (il faut pour cela remporter des matchs en 3v3, à raison de 7 victoires consécutives pour aucune défaite - une peut néanmoins être pardonnée selon le
pass que vous avez acquis). Ce genre d’exploit vous gratifie d’une visite exclusive au Phare et vous octroie des récompenses exclusives, qui sont donc réservées aux meilleures escouades. Le jeu propose également de nombreux triomphes qui sont parfois le témoin de vos succès remarquables. Par exemple, arborer un emblème qui démontre qu’on a vaincu un donjon (sorte de mini-raid prévu pour 3 joueurs) seul et sans jamais mourir une seule fois, est un défi qui peut motiver les joueurs qui veulent tout collecter, ou simplement se prouver qu’ils en sont capables. En fait
il existe autant de manières de jouer à Destiny que de joueurs de Destiny ; chacun y trouvera son propre intérêt, que ce soit celui d’avoir les meilleures statistiques d’armure, le perso le plus stylé de la Tour, ou simplement débrancher son cerveau pour aller faire un génocide au sein des factions ennemies... ou même un peu de tout ça à la fois.