Lost Records: Bloom & Rage | Test de la "TAPE 1".

Par Cheerotonine
Il y a 12 heures

Il n'est jamais facile pour un studio de lancer un jeu qui n'est pas porté par une licence déjà connue. Si DON'T NOD a déjà réussi la prouesse de sortir le premier jeu amorçant une saga aujourd'hui iconique parmi les jeux narratifs avec Life is Strange, ils ne semblent cependant plus aujourd'hui aux commandes de la franchise. Depuis, le studio s'est démarqué en proposant des jeux éclectiques. Du jeu de rôle avec Banishers: Ghosts of New Eden, de l'escalade avec Jusant et de l'action avec Vampyr, toutes leurs créations ont en commun de toujours proposer une narration réussie. Alors quand une bande-annonce affichant "par les créateurs de Life is Strange" est apparue sur nos écrans pendant les Game Awards 2023, c'est le souffle coupé et les étoiles plein les yeux que j'ai pu profiter des premières images de Lost Records: Bloom & Rage. En plus de la narration, DON'T NOD est aussi très doué pour réaliser des bandes-annonces. Et Lost Records: Bloom & Rage n'a pas échappé à leur talent. Débutant sur une chanson rock, la musique suit les images en nous proposant en entrée agressive, suivie d'un rythme plus lent où nous découvrons les quatre protagonistes profiter de moments de complicité et de bonheur. Lorsqu'à la moitié de la bande-annonce, l'ambiance change radicalement pour dévoiler des images dramatiques où la fuite, la peur et les flammes accompagnent le rythme soutenu accompagné des paroles "See you in hell". Une dualité qui nous plonge déjà dans ce qui a fait les grandes heures de Life is Strange : un balancement entre les émotions positives et négatives. Et à la fin, le silence nous ramenant à la réalité. C'était il y a 27 ans. Pourquoi maintenant ? Parce qu'on a fait une promesse.   [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_RpZoPbsae4[/youtube]   Contenu du jeu :   27 ans plus tard On est en 2022. Vous interprétez Swann Holloway, une quinquagénaire qui a récemment reçu un message d'une vieille connaissance. Autumn, votre amie de l'été 1995 veut vous revoir. En effet, un curieux paquet a été déposé devant la porte de sa mère. "Only for Bloom & Rage", "Remember 1995 ?". Se souvenir... il s'est passé quelque chose cet été là, mais vos souvenirs sont flous, les siens aussi. Alors il va falloir se revoir pour percer le mystère de cet été et affronter ce paquet. Mais pour cela, vous allez devoir rompre votre promesse. Celle de ne plus jamais vous revoir. L'endroit est tout trouvé. Velvet Cove, là où tout s'est déroulé. Dans ce bar, le "Blue Spruce", qui servait déjà de scène à cette époque. Vous y êtes, prête à revoir votre amie, après 27 ans.   7 Juillet 1995 C'est ici que tout commence réellement. Vous incarnez toujours Swann, mais cette fois-ci, vous avez 16 ans. Timide, introvertie et cinéphile, vous voilà partie dans votre aventure. Une aventure qui vous fera rencontrer les trois plus grandes protagonistes de votre vie : Nora, Kat et Autumn. Cet été, votre univers entier tournera autour d'elle et de votre groupe de musique "Bloom & Rage". Vous avez toutes le même âge et toutes la même envie : profiter en toute liberté de votre été. Être qui vous voulez être et faire ce que vous voulez faire. Malgré cette envie commune, vous êtes toutes très différentes. Cette différence, c'est une des forces du groupe, mais aussi de l'histoire de Lost Records: Bloom & Rage. Aucune d'entre-vous n'est plus mise en avant que les autres. Si Swann se démarque par son rôle de personnage jouable, elle n'est cependant pas plus mise en avant que ses trois amies. C'est d'ailleurs elle que l'ont voit le moins, glissée derrière sa caméra, elle préfère mettre en scène ses camarades. Le problème quand on a que 16 ans, c'est qu'il y a toujours des plus grands pour nous mettre des bâtons dans les roues. Dans cette TAPE 1, on ne rencontre que deux antagonistes visibles. Et pourtant, à eux seuls ils réussissent à troubler votre été, mais sans le savoir, ils renforcent votre amitié. Peu présents à l'écran, on arrive tout de même à détester ces têtes à claques et on se prend vite au jeu des filles. L'union fait la force, elles l'ont bien compris et nous aussi. 5 novembre 2022 De retour au Blue Spruce, vous voilà attablée avec Autumn. Ce n'est pas ici que se déroule l'histoire principale, mais sans ces retrouvailles, rien de tout cela ne se serait passé. Assise l'une en face de l'autre, vous discutez pour vous souvenir. La narration jongle entre les souvenirs de votre été et cette soirée. L'action principale se retrouve entrecoupée de moments où nous retournons au présent pour assister aux discussions entre Swann et Autumn. Sans couper le feu de l'action, ces moments se placent particulièrement bien dans l'histoire, permettant de couper parfois court à une situation gênante, ou servant tout simplement de transitions entre deux scènes du passé.   Du polaroid au caméscope Si Maxine dégainait son polaroid à chaque occasion, Swann se voit armée d'un caméscope. Partie intégrante du gameplay, nous nous en servons presque à chaque chapitre. Notre petite rousse s'en servant pour réaliser des "mémoires", c'est-à-dire des minis films de généralement moins d'une minute sur un sujet. Pour cela, nous pouvons regarder à travers notre objectif pour dévoiler les éléments de l'environnement pouvant être filmés pour les mémoires. Pouvant être considérés comme des collectibles, certains mémoires sont liés à l'histoire, mais beaucoup sont à collectionner. En-dehors de l'objet iconique rappelant notre photographe préférée, de nombreux points communs relient Swann et Max. Leur caractère introverti et leur amitié avec des filles bien plus extraverties au caractère punk semble être leur marque de fabrique. À y regarder de plus près, les deux partagent aussi des taches de rousseur, des yeux clairs et une coupe au carré. Coïncidence ou véritable souhait des développeurs, à chacun sa théorie.              DON'T NOD nous a habitué aux aventures où nos choix impactent l'histoire. En jeu narratif par excellence, Lost Records: Bloom & Rage n'y échappe pas. Notre histoire sera impactée de diverses manières. En premier lieu, les dialogues nous permettent de nous forger une personnalité, d'impacter une action au court et moyen terme, mais aussi grosse nouveauté : de consolider ou de fragiliser les relations avec les filles. Au cours de l'histoire, nous avons l'opportunité faire le bilan de nos choix et de connaître notre niveau d'affinité avec les filles. En second lieu, l'observation de l'environnement et nos actes vont aussi impacter nos réponses et les choix que nous pouvons faire. Mieux encore, pour récompenser les plus curieux, certaines interactions avec des objets nous permettent de débloquer des dialogues ou d'en apprendre plus pour sur nos amies.              To be continued... Les développeurs ont intitulé cette première partie "Bloom", la floraison et la seconde "Rage". Si les noms "TAPE 1" et "TAPE 2" sont plus mis en avant, le premier choix me parait bien plus pertinent. C'est dans cette première partie que fleuri l'amitié des filles, que l'on assiste au début de tout. Si nous considérons que le premier nom donné aux deux sections n'est pas lié au hasard, nous attendons donc une suite bien plus axée sur la colère. Avec un premier acte plantant le décor, nous finissons ce chapitre avec beaucoup plus de questions que de réponses.   Aspect technique du jeu : Tout comme les jeux Life is Strange, Lost Records: Bloom & Rage se découvre en se déplaçant dans son environnement et en cliquant sur les objets ou en choisissant la ligne de dialogue. Un gameplay très simpliste qui se diversifie un peu avec la possibilité de filmer et de modifier ses vidéos. Le rendu de la caméra est convainquant, tant visuellement que par son utilisation, permettant même au joueur d'orienter la caméra en déplaçant sa manette. Le jeu nous invite à découvrir les décors et les environnements qui nous entourent. En ouvrant bien les yeux, nous pouvons découvrir tout un tas d'indices qui nous en apprennent plus sur les lieux, les personnages, la ville et l'histoire en général. Afin de donner l'opportunité au joueur de tout inspecter sans interagir par inadvertance avec un point de non-retour, les développeurs ont glissé une icône "porte" à côté des interactions qui nous font passer à l'étape suivante.   Bloom & Rage, c'est un groupe de musique. Vous l'aurez compris, l'aspect musical est un élément central de l'expérience de jeu. De nombreux moments d'introspections sont disponibles dans cette TAPE 1, toujours avec un thème musical apaisant, très souvent accompagné des bruitages de la nature. Si la piste musicale reste la même, quelques variations y sont apportées. Chaque moment est unique, mais nous ramène toujours à cette même sensation de légèreté. Contrastant avec ces moments hors du temps, la vie avec nos trois amies est régulièrement rythmée avec des passages punk/rock, très souvent en arrière-plan avec un effet radio, relatant la frénésie de l’adolescence et l'époque où les radio-cassettes n'étaient pas encore remplacées par les enceintes Bluetooth. Concernant les dialogues, une version française est disponible et le choix de la version originale ou de la VF reste comme toujours à l'appréciation du joueur. Si les graphismes de Lost Records: Bloom & Rage n'ont plus rien à voir avec ce que nous avons connu avec Life is Strange et Life is Strange 2, DON'T NOD a gardé une patte graphique colorée rappelant les films d'animation plus que le réalisme. Cela n'empêche pas le jeu d'être particulièrement beau, bien au contraire. Les graphismes restent détaillés et les jeux de lumière nous offre un rendu éblouissant. Nous ne voyageons pas énormément dans Velvet Cove et les décors extérieurs se ressemblent beaucoup. Cela ne nous empêche pas de profiter de paysages magnifiques, notamment lors des chapitres où nous flânons en forêt.   Lost Records: Bloom & Rage met à disposition des joueurs de nombreux paramètres permettant de personnaliser l'expérience de jeu. On retrouve notamment la possibilité de changer les commandes de jeu. L'aspect technique est ce qui met le plus à mal le jeu. L'audio n'est pas bien ajusté par défaut, le volume des dialogues étant bien plus important que le reste du jeu. Si cela peut être réglé par un détour dans les paramètres, l'immersion en début de jeu est troublée par cette nécessité d'ajuster le volume. Autre petit point faible, quelques chargements de textures se glissent pendant les sessions de jeu.   Plaisir à jouer et à rejouer : L'histoire de Lost Records: Bloom & Rage est surprenante sur bien des aspects. Si vous pensiez avoir une idée de l'ambiance du jeu avec les bandes-annonces, sachez que tout un pan de l'atmosphère vous est encore caché. L'histoire prend une tournure fortement intrigante, nous sortant de notre zone de confort pour expérimenter ce que personnellement, je n'aurais absolument pas pu anticiper. C'est avec le cœur bien accroché qu'il faudra vous préparer à toute éventualité. Ces imprévus et la façon dont DON'T NOD ouvre les portes d'une aventure si déstabilisante, nous donnent l'opportunité - ou plutôt nous contraint - à agir avec authenticité. Les plus terre-à-terre ou les plus curieux pourront choisir de continuer à absorber toutes les informations de cette étrange histoire, là où les plus frileux pourront faire le choix de rester en retrait de cette étrange atmosphère.   Si le récit est captivant et nous pousse à continuer pour en savoir plus, il est enrichi de personnages attachants, que l'on appréciera ou que l'on adorera détester. Cette première partie mettant particulièrement l'accent sur les protagonistes, cela se fait à défaut du scénario. Car pendant plus de sept heures, l'épisode Bloom ne fait que très peu avancer le mystère, privilégiant la découverte de nos héroïnes et la naissance de leurs relations. Si c'est tout à fait ce que j'attendais du jeu, ayant d'ailleurs dévoré l'épisode en une nuit, il peut être compréhensible que certains joueurs préférant l'intrigue trouvent le temps long. J'ai d'autant plus apprécié suivre l'histoire des filles qu'elles n'ont aucune particularité au premier abord. Physiquement, DON'T NOD a joué la carte du réalisme. Rondeurs et peau imparfaite ou atypique font des héroïnes des filles banales avec des défauts habituellement peu représentés sur les protagonistes féminins dans les jeux vidéos. Mentalement fidèle à la réalité aussi, avec des personnalités qui pourraient correspondre à beaucoup d'entre-nous à leur âge. C'est ici tout le charme de Lost Records: Bloom & Rage et qui avait aussi fonctionné pour Life is Strange. L'aventure extraordinaire de personnages ordinaires.                Toujours dans le même esprit que Life is Strange, Lost Records: Bloom & Rage met en avant l'homosexualité féminine comme caractéristique de leurs personnages. DON'T NOD réussit encore une fois à introduire de l'inclusivité naturellement dans l'écriture de ses personnages. Que ce soit comme cité précédemment par des particularités physiques, de par la personnalité ou encore l'histoire des protagonistes. Malgré l'omniprésence de ces caractères inclusifs, la narration, l'écriture des personnages et la nature même du jeu ne donne pas l'impression d'une inclusivité forcée. La représentation des lesbiennes et de leurs idylles étant l'une des caractéristiques m'orientant ou non vers un jeu, Lost Records: Bloom & Rage m'a permis de me projeter complètement dans la peau des personnages, avec des remarques qui me renvoient directement à mon moi du même âge. Pour les plus vieux ayant passé leur adolescence dans les années 1990-2000, c'est plutôt le côté vintage qui vous renverra à votre vous du même âge. Vidéo-club, baladeur, radio-cassette, cartouche de jeux, trolls etc. bien des objets iconiques d'il y a plus de 20 ans vous mettront une petite claque de nostalgie. Côté rejouabilité, la possibilité de faire des choix différents et d'accentuer ou non les relations avec l'une ou les autres filles nous encourage à recommencer une nouvelle partie ou tout du moins, à relancer certaines scènes. Si l'épisode est découpé en segments relativement courts, il est des cinématiques que j'aurais apprécié revoir sans devoir refaire toute la partie jouable qui la précède.              Chasse aux trophées :   Lost Records: Bloom & Rage nous propose une liste des trophées incluant les deux parties du jeu. Pour débloquer le tant convoité Platine, il nous faudra donc attendre la sortie de la "TAPE 2" le 15 avril. Concernant les trophées en eux-mêmes, la liste nous dévoile un peu l'histoire. Cependant, ces trophées à risque sont uniquement liés à l'histoire et masqués. Une autre partie des trophées est dédiée entièrement aux mémoires. Nous devrons compléter tous les mémoires à collectionner, soit trouver tous les lieux devant être filmé pour créer les mémoires. Fort heureusement, en dehors de quelques mémoires difficiles à réaliser, le jeu propose généralement plus de lieux à filmer que nécessaire. Nous devrons aussi manipuler les mémoires pour débloquer quelques rapides trophées à réaliser.   La partie la plus intéressante de la liste consiste à réaliser des actions à un moment précis. Disposés dans l'ordre, cela nous permet de savoir plus ou moins dans quel chapitre le trophée peut être réalisé. De plus, chaque description nous indique dans quelle "Tape" le trophée peut tomber. Le seul trophée qui s’avérera peut-être problématique, sera celui nécessitant de créer un lien avec toutes les filles. Sans trop pouvoir me prononcer pour le moment, étant déblocable à la Tape 2 et très certainement en fin de jeu, j'espère que ce dernier ne demandera pas d'être "plus que des amies" avec les trois filles, ce qui voudrait dire que l'histoire devrait être faite trois fois.   Conclusion : Cette première partie de Lost Records: Bloom & Rage dessine les prémices d'un chef d’œuvre narratif. Se concentrant sur l'amitié fleurissante des quatre protagonistes, cet épisode lève aussi légèrement le voile sur l'étrange événement qui s'est déroulé cet été de 1995. Si vous voulez mon avis sur la suite... je n'en ai aucun. Ou plutôt j'en ai des dizaines. TAPE 1 n'a cessé de nous surprendre, il serait donc très prétentieux de prétendre pouvoir anticiper la TAPE 2... que nous attendons déjà impatiemment !