South of the Circle

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 03/08/2022
Genre(s) : Fiction interactive
Territoire(s) : FRANCE

18 joueurs possèdent ce jeu
10 trophées au total
0 trophée online
0 trophée caché

100% par : 13 joueurs (72 %)


Note des joueurs :
1/5 - 1 note

Note des 100% :
1/5 - 1 note

Test rédigé par Cheerotonine le 09-08-2022 - Modifié le 14-09-2022

Introduction

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Des graphismes un peu étranges où on ne distingue pas bien les visages, un homme ordinaire, une guerre du XXe siècle et un gameplay narratif… Voilà sur quoi je suis tombée en me renseignant sur le jeu. De là, je me suis directement demandée : « Vais-je avoir affaire à un semblant de 11-11 Memories Retold ? » Eh bien clairement pas, le jeu a une atmosphère différente, une approche du personnage bien à lui et finalement la problématique de la guerre est abordée d’une façon très particulière, pas de celles qu’on voit à la télé ou dans les livres d’Histoire.

Mais ne nous avançons pas trop dans des explications qui viendront bien assez tôt dans ce test et posons un peu le contexte autour de la création de ce petit jeu indépendant.

Développé par State Of Play, un petit studio anglais spécialisé dans la création de jeux vidéo basés sur des fabrications artisanales, le jeu est le fruit d’années de recherches ayant été jusqu’à entrainer l’équipe à s’aventurer dans un voyage à l’autre bout du monde, en plein milieu de l’Antarctique.
Déjà sorti sur Apple Arcade le 30 octobre 2020, South Of The Circle semble avoir fait bonne impression chez les développeurs de 11 Bit Studios qui ont décidé de proposer une collaboration avec State Of Play pour permettre aux joueurs PC et consoles de salon de découvrir cette petite pépite.
Rendez-vous donc le 3 août 2022 pour plonger dans la peau de Peter Hamilton, jeune maître de conférence britannique que rien ne prédestinait à finir en plein milieu du conflit de la guerre froide. Revivez son passé, vivez son présent et survivez à son expédition.
Contenu du jeu
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Les Sixties

Bienvenue dans l’Angleterre des années 60, décennie rayonnante pour ce pays constitutif du Royaume-Uni avec notamment l'apparition d'un mouvement féministe qui se dresse face à l’idée encore bien ancrée selon laquelle la place de la femme est à la maison. On retrouve cette dichotomie à travers les personnages de Clara et de Molly, jeunes femmes indépendantes bien conscientes de leur condition dans cette société mais qui revendiquent leur droit de s’exprimer et d’exister dans le monde professionnel et intellectuel ainsi qu’à travers notre professeur pour qui la présence de femmes à l’université de Cambridge est un fléau.
Nous évoluerons donc au milieu de ces revendications idéologiques dans un monde qui ne nous laissera pas d'autre choix que de nous forcer à nous positionner en tant qu'allié féministe ou en tant qu'adhérent au système patriarcal de l'époque.

La Guerre Froide

Qui dit années 60, dit période de guerre froide dans laquelle l’Union Soviétique et les anciens Alliés essaient tant bien que mal d’entretenir des relations diplomatiques correctes afin d’éviter une guerre nucléaire. Le jeu nous embarque en plein dans ce climat politique tendu où la paix reste fragile comme nous pourrons le percevoir à travers les flashs infos de la BBC.
Si dans nos pays occidentaux la guerre semble nous épargner au profit de guerres interposées entre les autres pays du monde, cela ne nous empêche pas de faire face à des conflits au sein de notre propre pays, laissant planer autour de nous une atmosphère de rébellion et de collaboration.
L’expression « guerre froide » prendra tout son sens quand nous nous retrouverons coincés en Antarctique par -20°C. Sur ce continent particulièrement convoité mais officiellement zone libre et neutre au milieu de ce monde scindé en deux, nous découvrirons au fur et à mesure que ce qui se trame au sud est de très mauvais augure pour nous et que notre ennemi n’est pas toujours celui que l’on croit.

Et Peter dans tout ça

Peter est un anglais classique, un jeune homme célibataire qui cherche à progresser dans sa carrière mais qui malheureusement n’arrive pas à décoller. En plus de ne pas être à la hauteur des attentes de son supérieur, il n’est pas toujours très hardi et est loin d’être l’homme fort que tout bon père de l’époque souhaitait engendrer. Comble de malchance, son existence se retrouve prise au piège entre ses ambitions amoureuses et professionnelles, ne lui laissant guère la possibilité de choisir les deux. Ce sera donc à nous de faire le choix entre l’amour ou le travail, d'honorer nos promesses amoureuses ou d'accéder à une opportunité unique qui nous propulsera au sommet de notre carrière.
Mais quand viendra notre ultime chance d’exceller dans la voie choisie, nous nous retrouverons finalement au plus bas. Tout ce que nous avons traversé finira par devenir flou, nous nous perdrons nous même dans nos souvenirs, nos choix et tout ce que nous tiendrons pour acquis se révèlera de plus en plus incertain au fur et à mesure que nous perdrons pied.

Une narration bien ficelée

A contrario du gameplay, l’histoire n’est pas totalement linéaire. Elle est principalement divisée en trois parties : deux concernant votre passé et la troisième se déroulant au présent. La narration va donc osciller entre ces trois parties par le biais de transitions particulièrement harmonieuses, donnant une véritable impression de fluidité, liant définitivement le passé avec le présent. Le jeu nous rappelle tout le long l’importance de notre passé, ce dernier se rappelant constamment à nous jusqu'à enfermer notre esprit dans nos souvenirs et dans les remords qui y sont associés.
Entre bonheur naissant et descente en enfer, nous serons baladés dans l'esprit de Peter qui, telle une personne devant sa propre mort, verra sa vie défiler.
Aspect technique du jeu
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Un jeu interactif

L’histoire du jeu repose essentiellement sur des dialogues et est illustrée quasi-exclusivement par des cinématiques. Pour nous inclure au maximum dans l’histoire, les développeurs ont eu la bonne idée de nous laisser la liberté de choisir les réactions de Peter lors des dialogues.
Il existe au total cinq réactions possibles mais nous n’aurons généralement le choix qu’entre deux d’entre elles simultanément.
Nous n'aurons cependant pas toujours la possibilité de guider Peter. Loin de briser notre immersion dans la tête du protagoniste, le jeu nous impose tout de même le symbole correspondant à sa réaction afin de rester connecté à son état d'esprit.

Très globalement, nous serons donc au choix heureux, attentionnés, directifs, timides ou paniqués.
Cependant les réactions ne se font pas toujours ressentir dans les dialogues en français et n’influenceront pas l’histoire. Elles nous permettent juste de nous immerger au plus profond de l’esprit de Peter, jusqu’à y prendre place et de décider de comment réagir et de qui nous voulons que Peter soit.

Si ce mécanisme a le mérite d’innover en matière de dialogue, d’immersion et d’être efficace par-dessus le marché, il peut presque totalement tomber à l’eau lors de la première partie. En effet, nous atterrissons dans le jeu sans savoir où nous mettons les pieds et le jeu nous propose d’emblée de l’utiliser, sans trop nous l’expliquer. Pour illustrer mon propos, dites-vous qu’à chaque symbole correspond trois réactions, comme sur l’image ci-contre. Au début le jeu ne nous laisse pas le choix de la réaction de Peter et ne nous propose donc qu'un seul symbole avec les trois adjectifs le définissant. Personnellement, j’ai cru que c’était trois propositions, j’ai donc cherché en vain à en sélectionner une, ce qui m’a déjà un peu perdu. Ajoutez à cela le fait que les mots décrivant les symboles ne sont écrits qu’une ou deux fois au début de l’histoire, le reste se faisant uniquement avec les symboles, si vous n’avez pas saisi leur signification dès le début, vous passerez un peu (complètement) à coté de leur utilisation. Personnellement j’avais vaguement capté que jaune=joie et rouge=triste, autant vous dire que les trois autres symboles étaient utilisés au petit bonheur la chance.

Le gameplay plaira aux adeptes des jeux narratifs qui apprécient les narrations lentes demandant d’être complètement absorbé par le jeu. Le joueur ne pourra se délecter que de quelques passages de conduite et de marche très limités, le reste de l’interaction entre le joueur et le jeu se fera uniquement avec les symboles et les quelques choix proposés. Dans les faits nous pourrons aussi tout à fait passer à coté de la sélection des réactions, le jeu sélectionnera de lui-même la réponse à la fin du temps imparti.

De la conception réelle au rendu virtuel

Le studio State Of Play est un habitué des graphismes minimalistes et colorés, ce qui s’explique notamment par la conception artisanale de certains décors. Le rendu visuel est très net et très fluide, on n’a pas affaire à des graphismes réalistes ou détaillés mais c’est aussi ce qui fait le charme de South Of The Circle.
Les développeurs ont clairement sorti le grand jeu en ce qui concerne l’articulation de ses personnages, ces derniers sont entièrement issus d’une technologie de capture de mouvement en 3D dans le but de transmettre au maximum les émotions et réactions des protagonistes en dépit de la quasi-absence d'expression faciale.
Si on ne sera pas particulièrement ébranlés par les mimiques émotionnelles dus aux graphismes très simplistes, nous avons tout de même le droit à des mouvements hyper fluides donnant l’impression que le jeu, aussi lent soit-il, ne s’arrête jamais.

Tendez l’oreille

Nous en avons eu plein les yeux, il est maintenant temps de s’en prendre plein les oreilles. La bande son est particulièrement bien pensée, nous sommes totalement absorbés dans l’instant présent avec une ambiance sonore tantôt légère dans les moments de détente et tantôt lourde dans les situations critiques. Si le jeu n’est pas au top visuellement pour titiller notre sensibilité, il se rattrape excessivement bien au niveau phonique. Nous ressentons particulièrement bien la pression alors que notre survie semble ne tenir qu’à un fil. Si le jeu est globalement lent, la bande son nous offrira quand même ponctuellement quelques accélérations auditives engendrant une élévation du rythme du jeu et ce même en gardant un gameplay au ralenti.

Coté doublages on retrouve des acteurs bien connus des amateurs de cinémas et de séries, tels que Gwilym Lee, Olivia Vinall, Richard Goulding, Anton Lesser, Adrian Rawlins et Michael Fox, tous ayant joué dans des productions à succès comme Game of Throne, The Crown, Bohemian Rhapsody… Et non, on ne parle pas ici de simples figurants mais plutôt de personnages secondaires, ce qui est encore une fois excellent pour un si petit studio. Nous profitons alors d’un doublage d’exception, transmettant l’ambiance du jeu et le caractère des personnages rien qu’à travers leur voix. C’est d’ailleurs grâce à cet incroyable jeu d’acteur que les émotions des personnages nous sont aussi bien communiquées.

On y était presque

Parce qu’un jeu n’est jamais parfait, on note la présence de certains bugs. Si ma première partie s’est déroulée sans accroc, j’ai très rapidement été confrontée à des bugs lors des suivantes. Même s’ils ont été vite résolus par le relancement du jeu, il n’y a quand même rien de pire qu’un bug demandant de quitter le jeu pour casser l’immersion du joueur.
Plaisir à jouer et à rejouer
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Le plaisir ressenti dans ce genre de jeu va bien entendu dépendre du genre de joueur que vous êtes. Si nous partons du principe que vous êtes férus de jeux narratifs et relativement patients, vous vous plairez certainement à suivre l’histoire de South Of The Circle. Plus encore si vous appréciez tout ce qui touche à l’Histoire du XXe siècle en Europe ou à la guerre. Si comme moi, vous n’êtes pas spécialement fan de ces thèmes, vous serez captivés par l’amour naissant et/ou la carrière grandissante du Dr. Hamilton.
La narration parfaitement bien maîtrisée combinée à l’objectif de sortir vivant de cet enfer glacé nous captivera complètement et nous donnera envie de continuer à jouer jusqu’à atteindre la fin de l’histoire. S’ajoute à cela le fait que jusqu’au bout nous ne savons absolument pas si nous nous en sortirons ou pas avec un compte à rebours nous menaçant à tout instant, l’inquiétude grandira de plus en plus et le mystère sur l'avenir de Peter restera complet jusqu'au bout. Ici, il ne sera pas possible de prévoir la fin à des kilomètres à la ronde et c'est aussi ce qu'on aime, de ne pas savoir ce qui nous attend à la fin du voyage.
Le jeu prend un malin plaisir à nous donner l'impression de nous sortir la tête de l'eau pour finalement nous y renfoncer plus profondément encore jusqu'à ce que nous soyons comme Peter, à bout de souffle.
Ajoutez à tout ça un entremêlement progressif entre le présent et le passé, la réalité et notre imaginaire, nous laissant dans un certain flou et nous serons toujours un peu plus absorbés par le désir de continuer jusqu’au dénouement de l’histoire.

Le jeu est très court, environ 3h30-4h mais cela n’empêche pas d’en déguster chaque moment. S’il aurait pu durer un peu plus longtemps, parce que personnellement j’ai vraiment apprécié chaque instant, cette courte durée de vie n’est pas plus mal non plus. Pas de scènes inutiles, barbantes ou trop longues, on est vraiment sur un jeu qui a plus misé sur la qualité que sur la quantité et à l’heure où certains jeux se livrent à des batailles de qui a la plus grosse (qui a envie d’avoir 186 fins ou de se taper 500h pour finir un seul jeu sérieusement ??), trouver un petit jeu sans prétention qui n’a pas peur d’aller à l’essentiel est vraiment plaisant.

Comme dans tout jeu à choix, nous prendrons plaisir à recommencer le jeu pour changer nos réactions. Bien que ces dernières n’aient pas d’impact sur l’histoire, l’idée de jouer un Peter plus anxieux et peureux ou plus joyeux et directif reste quand même sympa. De mon point de vue, refaire l'histoire était quasiment indispensable, dans le sens où je suis passée complètement à coté des choix réactionnels lors de ma première partie. Refaire l'histoire nous permet aussi de changer nos choix et de mieux en comprendre leur impact pour finir par modeler le Peter que nous désirons jouer.
Après tout ça, je n'irai quand même pas non plus à recommencer le jeu plus de quatre à cinq fois. L'histoire étant très courte, on connait vite les scènes et on ne découvre rien de nouveau au bout d'un moment.
Chasse aux trophées
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South Of The Circle ne nous propose pas de platine mais un petit 100% composé de dix trophées dont six se débloquent au cours de l’histoire. Pour les quatre restants, ils sont tous manquables. Cependant, si nous prenons le temps de tout fouiller, ils tomberont forcément. S’ils ne posent aucune difficulté au niveau des compétences car le jeu ne propose aucun défi en ce sens, il faudra quand même bien prendre son temps pour dénicher tous les objets du jeu.

Un 100% presque donné, on ne fait clairement pas ce jeu pour le challenge des trophées.
Conclusion
South Of The Circle nous offre une expérience inédite sur tous les points, on sent que tous les aspects du jeu ont été travaillés avec amour. Vivez au travers de Peter les merveilleuses années 60 et gardez la tête froide pour tenter de sortir du pétrin dans lequel la guerre vous a plongé.
J'ai aimé
  • Une histoire palpitante
  • Une narration atypique
  • Des graphismes originaux
  • Une bande son immersive
Je n'ai pas aimé
  • Quelques bugs peu fréquents
  • Très peu d'intérêt pour les trophées
  • Un gameplay un peu gâché par une mauvaise introduction des choix réactionnels
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Je recommande ce jeu : À tous, Aux spécialistes du genre, Aux curieux, Aux chasseurs de trophées/platine facile

Cheerotonine (Cheerotonine)

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