Petits rappels des bases.
Life is Strange est une saga d'aventures narratives en point & click. Référence dans le domaine, la licence dispose aujourd'hui de six opus et d'un univers enrichi par des bandes dessinées et des romans. Se démarquant par son système de narration à choix, divisée en épisodes rejouables, la licence a su conquérir les joueurs avec ses histoires riches ayant toutes deux points communs : un événement tragique et des pouvoirs (
Excepté Before the Storm et Les Aventures extraordinaires de Captain Spirit, mais qui relèvent plutôt d'un préquel pour le premier et d'un contenu additionnel pour le second donc...).
Life is Strange: Double Exposure n'échappe pas aux règles et nous emmène une nouvelle fois au cœur d'une intrigue palpitante où l'histoire et nos choix nous guideront jusqu'au dénouement final.
Nouvelle ville, nouvelle meilleure amie.
Personnage jouable et héroïne tant appréciée du tout premier opus de Life is Strange, Max est restée dans le cœur de fans et son retour a ravi plus d’un amateur de la saga. C’est à
Lakeport dans le Vermont, bien loin de son Oregon natal que nous retrouvons cette photographe en herbe. Exit Chloe, c’est
Safi qui tiendra ici le rôle de la nouvelle meilleure amie de Max. Personnage rapidement très attachant, Safi se démarque par sa personnalité à l'opposé de celle de Max. Elle est aussi largement mise en avant,
devenant un personnage principal au même titre que Maxine. Que ce soit sur le fond, c'est-à-dire sur la quantité d'informations gravitant autour d'elle, ou sur la forme par son temps d'apparition, ses mentions ainsi que le nombre et la qualité des interactions avec elle, Safi est omniprésente et devient très rapidement le point central de l'histoire. Là où les autres opus se concentraient principalement sur le personnage jouable, voire sur le duo principal, Max semble ici éclipsée par la rayonnante Safi. Sûre d'elle, avec un charme certain et n'ayant pas froid aux yeux, Safi se démarque par son côté indépendant que nous retrouvons chez sa mère Yasmin. Contrastant avec sa génitrice, notre jeune écrivaine talentueuse se montre beaucoup plus honnête et intègre, n'hésitant pas à déterrer les vérités enfouies et à agir face à ses émotions, plutôt qu'à se voiler la face. Si vous cherchez votre nouveau crush de la saga, vous le trouverez d'ailleurs peut-être en son personnage.
C'est à l'inverse
beaucoup plus difficile d'accrocher avec les autres acteurs du titre. Si Moses et Yasmin arrivent encore à imposer leur présence de par leurs rôles respectifs de meilleur ami et de mère de Safi/Directrice du campus, les autres personnages secondaires sont beaucoup plus effacés. On regrette aussi amèrement les romances superficielles, voire quasi-inexistantes. Si le jeu propose deux potentiels prétendants, aucune réelle relation ne se crée et votre premier bisou avec Tristan en maternelle avait sûrement plus de profondeur que les amours de Max.
Everybody lies, no exceptions.
L'histoire filant comme une enquête, rappelant très largement le premier opus et surtout le dernier opus de la saga, on ne peut ici que constater
un fil décousu, liant difficilement les éléments entre eux. En effet, un élément clé apparaît dans l'histoire, mais bien trop tardivement. On assiste alors à tout un pan de l'histoire où Max avance à l'aveugle, touchant la vérité du bout des doigts tout en étant très loin du compte. Au lieu de se concentrer sur une piste, nous nous noyons dans un récit qui nous envoie simultanément dans toutes les directions. Si le dénouement ne peut se faire qu'avec tous ces éléments, c'est ici l'agencement qui pose un véritable problème. Peut-être aurait-il été préférable d'exploiter un à un ces éléments plutôt que de les mélanger ensemble.
L'histoire était vraiment bien pensée, les divers éléments et le dénouement attestent des capacités de l'équipe de Deck Nine à proposer des idées originales et surprenantes. Mais la narration précipitée et éclatée nous a malheureusement coulé sous un flot d'informations qui n'ont parfois pas été assez étoffées, parfois trop. La faute aussi à
une durée de vie (encore) trop courte pour le nombre de pistes proposées. Là où True Colors se concentrait principalement sur un coupable, Max semble ici se perdre parmi les suppositions.
Life is Strange: Double Exposure oscille donc entre un très bon premier chapitre, puis des phases assez chaotiques, jusqu'à retrouver une narration cohérente une fois l'élément clé de l'histoire atteint.
Le retour de Max
Cela fait 10 ans que les événements d’Arcadia Bay se sont déroulés. Max a aujourd’hui 28 ans et est passée du statut d’élève à professeure de photographie. Enseignant à
l'université Caledon, elle semble couler des jours heureux et paisibles, bien que son passé semble toujours la hanter. Utilisant les éléments du premier opus de Life is Strange, l'histoire d'Arcadia Bay revient très brièvement de temps à autre à travers des dialogues et des diverses interactions avec le téléphone. Un peu comme pour Life is Strange 2, quelques références au premier volet du nom refont surface, sans que cela n'ait de réel impact sur l'histoire.
Seule la fin de l'histoire exploite totalement le premier épisode, tant dans les scènes que dans les réflexions de Max. Les joueurs n'ayant pas joué au premier opus pourraient d'ailleurs se sentir un peu démunis.
Abandonnant son iconique Polaroïd, Max a désormais opté pour un argentique, un appareil photo permettant notamment la double exposition. En clin d'œil à ses débuts, de nombreuses photographies polaroïd sont trouvables dans les lieux des événements. Si Max revient, celle-ci est maintenant
incapable d'utiliser ses pouvoirs pour retourner dans le temps. À la place, elle se découvre
la capacité d'aller et de venir à travers deux univers. Dans l'un, Safi est morte et dans l'autre, elle ne l'est pas. Max cherche donc la vérité en voyageant entre ces deux univers pour trouver le moyen d'éviter la mort de Safi. Élément central du gameplay, ce nouveau pouvoir est exploité au maximum, parfois peut-être un peu trop. La mécanique est très simple : Max a besoin d'un élément présent dans le monde de la vie, pour l'utiliser dans le monde de la mort et inversement. Elle peut aussi écouter et observer ce qu'il se passe dans l'autre monde, lui permettant d'écouter et de percevoir des interactions sans se faire remarquer.