Legacy of Kain : Soul Reaver 1-2 Remastered

Revenons sur un brin d'histoire. Notre héros, Raziel, est un vampire totalement décharné, et pour cause : il a été jeté dans les abysses parce qu'il a eu l'audace, malgré lui, de connaître une évolution plus rapide que celle de son chef, Kain. C'est ainsi qu'il renait bien des siècles plus tard en tant que créature spectrale avec pour mission la vengeance. On doit ainsi sillonner la terre désolée de Nosgoth à la recherche de Kain, puissant vampire que l'on incarnait dans le jeu précédent Soul Reaver. D'ailleurs il existe 3 jeux dans lesquels on incarnait Kain, à savoir Blood Omen, le tout premier opus de la saga en 1996, puis Blood Omen 2 (2002), sorti après Soul Reaver 2 (2001), et enfin Defiance, paru en 2003. Depuis, la série semble endormie... Espérons que ce remaster ouvre la voix à d'autres remasters voire d'autres jeux de la série.

Sans trop divulgâcher, Soul Reaver 2 est la suite directe et immédiate de Soul Reaver. A l'époque, la fin de Soul Reaver avait fait grand bruit, étant donné qu'elle nous laissait clairement sur notre faim. Raziel se retrouve projeté dans le passé, 30 ans avant les évènements de Blood Omen, le premier jeu de la saga, et doit de nouveau pourchasser Kain, revenu lui aussi dans le passé pour des raisons obscures. Ne vous fiez pas à la simplicité apparente du scénario car c'est un univers tout entier que l'on découvre au fur et à mesure des 5 jeux de la série, qui sont ici savamment mis en scène dans ces 2 opus remasterisés. Tout au long des deux jeux, on doit se débrouiller pour trouver comment avancer dans ces dédales en 3D qui nous paraissent parfois sans fin. Les 2 jeux fonctionnent quelque peu à la Zelda, dans le sens où l'on doit acquérir de nouvelles capacités qui nous permettent par la suite d'accéder à de nouveaux lieux dans lesquels on pourra progresser dans le scénario. Quelques boss vous attendent mais c'est plutôt votre intelligence qui sera mise à l'épreuve que votre rapidité d'action.

Outre les graphismes, quelques options de confort ont été ajoutées. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, il n'est pas question d'ajout de cheats et autres options du genre qui faciliteraient trop grandement l'expérience de jeu, non, ici, cela se résume à l'ajout d'une carte et d'une boussole, ce qui permet de nettement mieux se repérer, ainsi que la possibilité de sauvegarder quant on le souhaite. Cependant, vous reviendrez quand même à l'entrée de Nosgoth dans le cas de Soul Reaver et non pas à l'endroit où vous aviez sauvegardé, mais heureusement, la salle de téléportation pour se déplacer plus rapidement dans l'univers proposé n'est qu'à quelques pas de là. Une caméra libre fait également son apparition, ce qui n'est pas du luxe dans un univers où on tâtonne beaucoup pour trouver son chemin. Mais le must reste les bonus inédits disponibles d'emblée, comme par exemple les illustrations d'époque, les niveaux inachevés, les coulisses de la création des jeux ou encore des scripts. Il n'y a pas de choix de difficulté pour les deux jeux, ni de mode coop, tout ayant été pensé pour le mode solo uniquement.

Malgré le regain de fluidité dû à ce remaster, le gameplay proposé reste tout de même assez figé en 1999. Les sauts sont millimétrés, le jeu ne vous laissera aucune chance en plus si jamais vous vous loupez pour quelques centimètres, et les actions sont globalement grossières. Par moments, cela jouera en votre faveur, comme par exemple en croyant frapper à côté de l'ennemi et en voyant par bonheur qu'il s'est quand même pris des dégâts, mais parfois non. Des morts bêtes sont à prévoir… Heureusement, si vous avez compris le truc, vous échapperez à celles-ci un grand nombre de fois. En effet, comme vous pouvez passer dans le monde spirituel quand vous voulez et en nombre de fois illimité, rien ne vous empêchera d'y aller en cas de danger pour recharger les batteries et revenir dans le monde réel comme si de rien n'était. Cette astuce de gameplay était bien pensée à l'époque et demeure assez efficace.

Les énigmes à résoudre sont bien évidemment toujours de la partie et vous ferez rouler des cubes à placer dans des bons trous, selon une véritable logique, à n'en plus finir ! Et à l'instar d'un metroidvania, Raziel acquiert au fur et à mesure de nouvelles capacités lui permettant d'avancer toujours un peu plus dans son exploration de Nosgoth, ce qui est particulièrement agréable lorsque l'on ressent réellement la montée en puissance de notre héros. Par contre le jeu vous laisse clairement dans le flou et ce sera à vous de vous dépatouiller au mieux pour tracer votre chemin, obtenir les bonus nécessaires pour gonfler les stats de Raziel et de défaire les boss qui ne manqueront pas de vous barrer la route. Chose parfois frustrante, les ennemis re-popent alors que vous êtes en train d'essayer de résoudre une énigme, il vous faudra donc mettre de côté votre réflexion pour les bastonner, puis se reconcentrer pour comprendre comment avancer.

En tant que fan des jeux d'origine, ce fut un vrai plaisir de refaire ces 2 jeux, a priori il en sera de même pour tous les nostalgiques des aventures de Raziel. Les autres risquent de trouver ça un peu "lourd" vu la maniabilité quelque peu pataude de notre personnage, et les énigmes à base de déplacement de cube pourront sans doute en refroidir certains. C'est sûr que depuis le temps, bien d'autres jeux de ce type ont réussi à proposer un challenge plus sympathique avec des énigmes beaucoup, beaucoup plus diversifiées (au hasard : Uncharted, même si ce n'est pas la même ambiance). Retoucher la maniabilité n'aurait pas été un mal, au contraire cela ouvrirait l'accessibilité du jeu au plus grand nombre. Mais il faut bien prendre en compte que l'on est dans un remaster, et non pas dans un remake, en espérant qu'un jour on puisse avoir droit à ce dernier.