Kingdom Come : Deliverance II

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 04/02/2025
Genre(s) : RPG
Territoire(s) : FRANCE

817 joueurs possèdent ce jeu
64 trophées au total
0 trophée online
40 trophées cachés
3 DLC's

Platiné par : 90 joueurs (11 %)

100% par : 0 joueur (0 %)


Note des joueurs :
4.7/5 - 6 notes

Note des platineurs :
4.8/5 - 4 notes

Test rédigé par Arkonite le 03-02-2025 - Modifié le 12-03-2025


Introduction

Image

Rappelez-vous en 2014, un jeune studio tchèque, pas si anonyme que cela, lançait un Kickstarter (financement participatif) avec pour projet un
Action RPG médiéval ultra réaliste prenant place dans la Bohême du 15e siècle.

Pas très vendeur selon les investisseurs. Pourtant, un mois plus tard, Warhorse avait récolté plus de 1 000 000 £, triplant au passage son objectif initial de 300 000 £ ! Quatre ans plus tard, le jeu sort perclus de bugs, et un peu boiteux, mais en offrant une expérience authentique, immersive, fidèle et passionnée.

Ce premier Kingdom Come: Deliverance fut un véritable succès critique et commercial, dépassant les 8 millions de copies vendues.

Les Tchèques ont aussitôt rempilé pour une suite et il leur aura finalement fallu 7 longues années pour accoucher de ce projet encore plus ambitieux. Ont-ils appris de leurs erreurs d’optimisation ? Est-ce qu’ils ont mis à profit ce long développement pour enrichir leur proposition ou se sont-ils contenté de proposer une suite paresseuse ?

Plongez avec moi en immersion au sein de ce Kingdom Come: Deliverance II (KCD2) pour en obtenir les réponses, sans spoiler évidemment.
Contenu du jeu
Bohême, région de Trosky, 1403
Cette suite démarre littéralement à l’instant précis où s’achève le premier épisode. Et je me dois de rassurer les non-initiés : même s’il est préférable d’avoir fini KCD1 pour mieux cerner tous les enjeux de cette suite, vous ne serez pas pénalisé dans le cas contraire. Les développeurs ont pris le soin d’introduire le joueur en douceur, en lui exposant de manière subtile les événements passés et les enjeux politiques mais également personnels de nos protagonistes.

Vous incarnez Henry de la ville de Skalice, fils adoptif du forgeron local assassiné lors d’un raid de Coumans, commandité par Sigismond le roux, roi de Hongrie. Ce dernier a kidnappé son demi-frère, l’incapable roi Venceslas afin de récupérer son trône. Animé par sa soif de vengeance envers Istvan Toth, responsable de la mort de ses parents, Henry se retrouve impliqué dans les complots politiques du pays et tente de retrouver l’épée forgée par son père pour le seigneur Radzig Kobyla.

Sa quête, inachevée, sera toujours au cœur de ses motivations dans KCD2, mais elle sera vite supplantée par des enjeux bien plus grands. Endossant son rôle de page du seigneur Hans Capon, ils partent en mission diplomatique dans la région de Trosky afin de remettre une lettre au seigneur Oton de Berg en vue de négociations. Mais tout ne va absolument pas se dérouler comme prévu.


Vis ma vie de page
La volonté des développeurs est restée identique depuis plus de 10 ans : vous offrir un univers médiéval immersif, fidèle à la réalité de l’époque, où vous pouvez quasiment tout faire. Le jeu est littéralement blindé de systèmes imbriqués les uns dans les autres et chaque action de votre part a un impact narratif, systémique ou mécanique.

Avant d’entrer plus en profondeur dans la proposition de Warhorse, il me semble judicieux de vous mettre en garde. Kingdom Come: Deliverance n’est pas une licence facile d’accès. Si vous n’aimez pas les jeux qui prennent leur temps où chaque action demande d’être réalisée de façon réaliste, à la manière d’un Red Dead Redemption, passez votre chemin, vous y serez allergique.

Au contrôle de Henry, la majeure partie de l’histoire, vous allez évoluer dans un univers riche et autonome. Il n’a pas besoin de vous pour fonctionner. Les PNJ ont une routine quotidienne, ont un travail, un domicile, des relations et sont même parfois sujets à des événements aléatoires sans que vous n’interveniez. Vous pouvez même vous amuser à en suivre un et vous saurez tout de lui : où il réside, avec qui il vit, à quelle heure il mange ou se couche, où il travaille, etc.

Cela permet de planifier toutes sortes d'actions plus ou moins recommandables comme un cambriolage, de l’espionnage voire décimer un camp entier d’ennemis en empoisonnant leur marmite commune à la faveur de la nuit.

Toute cette liberté est évidemment régie par un système de réputation approfondi. Si vous volez quelqu’un, le frappez, le tuez, vous devrez faire face aux gardes et répondre de vos actes malveillants. À moins d’avoir un score d’éloquence suffisamment élevé pour vous en tirer…

Mais cela entachera tout de même votre réputation dans la ville où vous avez commis vos méfaits. Et les rumeurs circulent vite en Bohême…
Avec le temps, les gens oublieront peu à peu, mais si vos crimes sont trop graves et que vous vous faites attraper, alors divers châtiments vous seront infligés. Du simple pilori, vous pourrez même être marqué au fer rouge, voire exécuté.

La façon dont vous parlez aux autres, les choix de dialogues, votre hygiène, votre apparence sont autant d’éléments qui influent sur la manière dont vous êtes perçus par la population. Cela peut entraîner des commentaires désagréables dans la rue, des options de dialogues restreintes ou même des prix variables dans les commerces.

Il sera également impératif de vous soucier de votre alimentation et de votre fatigue, car ces deux statistiques auront un impact assez marqué sur le reste.


C’est en forgeant qu’on devient forgeron
Les possibilités qui vous sont offertes dans KCD2 sont particulièrement nombreuses. Vous pourrez glaner quelques groschens, la monnaie locale, de plusieurs manières. Tout comme dans le 1er jeu, vous pouvez développer vos talents d’alchimiste et vendre vos potions, ou revendre le butin que vous récoltez après une escarmouche réussie face à des ennemis. Mais vous pouvez également être une authentique crapule et devenir le roi du vol à la tire ou forcer toutes les serrures à la nuit tombée pour piller l’habitant sans vergogne.

Les développeurs ont eu la brillante idée et la maîtrise pour ajouter une mécanique de forge, ce qui tombe sous le sens vu que Henry est fils de forgeron. Et c’est vraiment plaisant à l’usage. On doit tout d’abord trouver différents plans, se procurer les matériaux nécessaires et enfin se mettre devant le fourneau ! On chauffe le métal. On le martèle. On le retourne et déroule ainsi une véritable chorégraphie rythmée pour voir notre œuvre s’affiner et se dessiner à mesure que notre marteau la percute. Une véritable réussite. Ainsi, il sera également possible de vivre de notre travail à la forge en revendant le fruit de notre labeur.

D’une manière générale, chaque action que vous effectuez fait progresser une des statistiques de Henry. Si vous passez vos journées à forger des armes, nul doute que vous allez rapidement gravir les niveaux et ainsi débloquer des points d’atouts à utiliser pour acquérir de nouvelles compétences. Chaque aspect du jeu suit cette logique ce qui permet au jeu de s’adapter de façon ingénieuse à votre style de jeu.

Il en va de même pour l’érudition qui augmente à mesure que vous lisez des livres, l’éloquence, le combat, l’archerie, le crochetage, l’alcoolisme (oui, oui), etc. En tout, ce ne sont pas moins de 280 compétences réparties dans tous les arbres de progression que vous pourrez glaner.


Et la baston, morbleu !
Rassurez-vous toutefois, ce jeu n’est pas qu’un Sims médiéval, vous aurez votre lot de combats, batailles, échauffourées, embuscades, tournois, altercations et j’en passe. Bref, vous allez pourfendre du maraud à tour de bras !

Les occasions seront nombreuses d’éprouver le nouveau système de combat. Alors je dis nouveau, pas d’inquiétude pour les vétérans de la licence, les développeurs ont conservé la même architecture basée sur une rosette, cette sorte d’étoile qui permet de choisir la direction où vous allez attaquer. L’idée principale est d’observer la posture de votre adversaire afin de frapper du côté où il ne se protège pas.

Mais si la base est la même, il a pas mal été enrichi. Désormais, il est possible de faire des parades parfaites, des contres enchaînés et les coups de maître sont de retour. Toutes ces mécaniques doivent être faites dans une fenêtre de temps très généreuse qui ne posera vraiment pas de problème. C’est d’ailleurs sûrement un point que regretteront les férus du premier opus, car ces mécaniques simplifient pas mal les affrontements.

Il y a également tout un panel de combos, pour chaque type d’arme au corps-à-corps, qui sont à apprendre auprès de divers PNJ dans les deux régions du jeu. Ces derniers, vraiment pas déterminants, n’apportent pas énormément de variété en termes d’animation, et cela devient vite un aspect marginal du combat.

Un point décrié dans KCD1 était la gestion simultanée de plusieurs ennemis. Le verrouillage de la caméra limitait fortement vos options et rendait l’exercice périlleux, voire irritant pour certains. C’est désormais rectifié même s’il reste quelques points de friction, encore une fois à cause du verrouillage de la caméra qui est capricieux et empêche d’observer librement autour de soi pour se focaliser sur un ennemi qui voudrait nous prendre à revers. D’autant que l’IA est relativement intéressante à ce niveau, nous le verrons dans la partie suivante.

Tout n’est pas parfait évidemment. Je trouve que les feedbacks visuels et sonores manquent clairement de punch et certaines attaques sont un peu flottantes. Cela rend parfois les combats un peu brouillons et finalement, là où les combats brillent, c’est lorsque les contres s’enchaînent et que les épées s’entrechoquent.

Enfin, l’archerie est toujours aussi abrupte. Et quand je dis cela, cela n’a rien de péjoratif. Personnellement, j’aime beaucoup le fait de ne pas avoir de réticule et de devoir estimer la trajectoire de la flèche en fonction de la distance. Mais je sais que cela en irritera plus d’un.

À l’instar de toutes les mécaniques du jeu, Warhorse a réussi un sacré tour de force en parvenant à opérer une vraie synergie entre l’apprentissage de Henry dans le jeu et votre propre apprentissage. Cela se fait de concert et accentue un peu plus le sentiment de progression.


Retour à la case départ
Vous vous demandez sans doute comment les développeurs ont procédé pour justifier une nouvelle progression du personnage de Henry, sachant que certains ont passé des dizaines voire des centaines d’heures à en faire un érudit combattant voleur alchimiste hors pair ! Eh bien, sachez que Warhorse a plutôt bien amené tout cela. C’est justifié narrativement et contribue donc à l’immersion.

Une immersion qui ne manquera pas de vous éblouir, tant l’univers de KCD2 semble naturel. Vous démarrez dans la région de Trosky, faite de grandes prairies et de profondes forêts où serpentent rivières et chemins de terre. Elle est vaste et donne le sentiment d’être aussi grande que la carte de KCD1.

Sauf qu’après l’avoir arpenté plusieurs heures, en suivant l’histoire, vous la quitterez pour rallier celle de Kuttenberg. Et là, c’est la claque, car c’est deux fois plus grand. Vous en aurez pour des heures et des heures d’exploration, de découverte, de balade équestre ou piétonne. C’est vraiment immense.

Naturellement, une fois les différents points d’intérêt découverts, vous pouvez utiliser le déplacement rapide. Et ce n’est pas un terme galvaudé pour parler de téléportation. Non, ici, un déplacement rapide simule le vrai trajet que ferait Henry. Le temps passe, votre fatigue s’accumule, la faim vous tiraille et vous n’êtes pas à l’abri d’embuscade de bandits ou de rencontres fortuites. Le jeu fourmille d’événements aléatoires qui viennent briser la monotonie des voyages, surtout lorsque l’on repasse par des routes déjà découvertes.

Il existe de nombreux points d’intérêt sur la carte et ces derniers ne sont pas indiqués par défaut. Vous devrez parler à des aubergistes ou d’autres PNJ afin qu’ils vous décrivent ces lieux et vous en parlent, toujours pour une bonne raison. Ces lieux sont intéressants à visiter, car ils recèlent souvent des objets utiles ou sont liés à des résolutions de quêtes.


FedEx ou pas FedEx ?
En parlant de quêtes, qu’a-t-il dans le ventre ce KCD2 ? On est dans le très haut du panier, sans conteste. On prend souvent CD Projekt Red en référence pour l’écriture de leurs quêtes secondaires et notamment dans The Witcher 3. Mais à mon sens, Warhorse fait encore mieux. Peut-être avez-vous entendu parler de la quantité astronomique de 2,2 millions de mots utilisés dans le jeu ? Eh bien, ce n’est pas juste du remplissage !

Toutes les quêtes sont absolument brillantes. De la trame principale, jusqu'aux quêtes secondaires en passant par les simples tâches, il y a un souci du détail, de l’humour et de la cohérence qui transpire de chaque ligne de texte. Tout est narré, justifié, enrobé dans un habillage crédible.

Lorsque l’on vous confie une tâche, un PNJ va vous décrire un lieu, vous donner des points de repères visuels pour vous orienter et vous avez intérêt à être attentif, car une fois sur place, vous n’aurez aucune aide via l’interface. Dans une zone délimitée souvent assez vaste, vous aurez à suivre les indications du PNJ pour trouver votre chemin.

Parfois même, ce sera l’occasion d’utiliser Cabot, votre chien, qui vous suivra tout au long de l’aventure si vous décidez de le retrouver peu après le début du jeu. Soyons honnête, on ne s’attache pas à ce chien car il est traité de manière purement mécanique. Il peut vous aider dans les combats, booster certaines de vos statistiques si vous débloquez les compétences dédiées ou même flairer une piste, pour résoudre certaines quêtes. Mais périodiquement, il se met à aboyer sans discontinuer et l’on est obligé de le rappeler à l’ordre pour qu’il cesse, c’est très agaçant. Au point que j’ai rapidement opté pour la solution de l’ordre ”Cabot, couché ! ” afin qu’il ne me suive pas.

Cela sera peut-être patché, mais le fait est que tout est organique. Cela amène parfois de la frustration, une perte de temps en nous faisant tourner en rond. En contrepartie, on est gratifié par une action aussi simple que trouver une vieille ruine dans un bois après avoir suivi un jeu de piste ludique, ou en découvrant un lieu secret de pêche à la langouste bleue qui se vend au triple du prix des rouges.
Aspect technique du jeu
Il faut polish messire
Le premier jeu était sorti dans un état technique assez critique. Il n’était clairement pas “polish” comme on dit dans le jargon. Il était certes fonctionnel, mais truffé de bugs en tout genre : bugs de collision, modèles 3D qui scintillent ou se téléportent, doublages et effets sonores manquants et j’en passe. Je vais être franc, lorsque j’ai eu l’occasion de récupérer la clé du jeu un mois avant sa sortie, je n’étais pas tranquille à la perspective de ce test, car j’avais eu l’occasion déjà de tester KCD1 le jour de sa sortie, dans son jus.

Mais je vous rassure, Warhorse a bien appris de ses erreurs et malgré l’immensité et la complexité du titre.
En l’état, sur la build de test, j’ai rencontré quelques problèmes tels que : des doublages manquants, un mixage audio parfois déséquilibré (gain de certaines voix inégal), des textures qui scintillent, des modèles 3D qui se chevauchent, des événements de quêtes perturbés et mis en péril par des événements déclenchés dans le monde ouvert et qui n’ont aucun lien ou encore des problèmes d’équilibrage sur certaines activités. Tout ceci a été identifié par les développeurs et ils assurent que cela sera traité dans le patch day one.

Même avec ses quelques bugs, le jeu est à des années-lumière de l’état de son aîné à la sortie. Et même, bien mieux fini que d’autres open world très connus.


VF ou VO ?
Je commence par le plus gros morceau et qui a fait couler beaucoup d’encre lors des previews : les doublages français. Il apparaît vite au cours du jeu, une dissonance dérangeante parmi les prestations. On retrouve bien sûr les voix des personnages du premier opus (pas toutes) avec, en tête de file, Alexandre Gillet (Elijah Wood, Chris Evans) pour Henry. Et à ce niveau, c’est très qualitatif.

Et puis on tombe sur des PNJ qui parlent d’une horrible façon robotique au point que chaque personne ayant joué au jeu dans cette période pré-lancement a dû se demander s'ils n’avaient pas été générés par de l’IA. C’est haché, sans émotion, sans contexte, bref cela casse l’immersion et en devient presque burlesque à mesure que vous faites face à ce type d’interprétation.

Pour avoir investigué sur le sujet, et pour résumer l’histoire, c’est le studio espagnol Perfect Sound qui a été mandaté pour localiser le jeu dans toutes les versions (hors tchèque et anglaise). Ils ont, pour la VF, sous-traité une entreprise italienne (!) et un studio français.

Pour faire court, les personnages principaux sont doublés par le studio français et tous les autres ont été gérés par l’entreprise espagnole. Ces derniers ont littéralement embauché des personnes dont ce n’est pas du tout le métier et l’utilisation de l’IA n’a jamais été démentie à ce jour.

Plaion, l’éditeur, a eu vent de tout cela et a vite réagi en programmant un réenregistrement partiel de la VF. Vu les délais, tout ne sera pas fait pour le jour de la sortie, évidemment. Ils annoncent qu’une partie sera implantée pour le lancement et l’autre partie dans un patch courant mars.

C’est une belle réaction de l’éditeur et démontre un attachement au détail et à la qualité, même sur les versions étrangères. Je n’ai malheureusement pas eu le loisir d’entendre ces réenregistrements, mais toujours est-il que le doublage des personnages principaux est très bon. Si vous souhaitez jouer en version anglaise, elle est très qualitative et vous ne serez pas lésé. Mais si vous souhaitez en profiter dans la belle langue de Molière, je vous conseille d’attendre un peu avant de l’acheter.


Un univers à tomber
Difficile de faire une transition après un aussi gros morceau, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit probablement du seul gros point noir du jeu. Et pour illustrer cela, j’ai envie de vous parler de son univers. Warhorse a ce savoir-faire exquis pour créer un monde crédible et donner l’illusion qu’il est authentique.

Je ne compte pas les heures passées à arpenter sans but de vastes plaines verdoyantes, des sentiers ombragés, des sous-bois humides emplis de gibier, des villages grouillant d’activités ou encore des forêts sombres et sinistres. On se laisse porter par ces décors naturels et apaisants. Le jeu est tout simplement magnifique. Et le ravissement pour les yeux va bien plus loin puisque la modélisation des personnages est du même acabit. C’est net, c’est crédible, et hormis quelques petits soucis de synchro labiale, on est dans le très haut du panier.

Je l’ai fait sur PS5 Pro et le jeu ne sourcille quasiment jamais, constant sur un rafraîchissement de 60 images par seconde. J’ai noté quelques chutes drastiques, souvent des camps ennemis, mais comme c’est très localisé, je pense que cela pourra être patché. Car même dans l’immense Kuttenberg, qui fourmille de PNJ et de bâtiments, le rendu reste fluide.

Le tout est baigné dans une atmosphère musicale parfaite grâce à une bande-son signée Jan Valta. C’est déjà cet artiste qui avait œuvré sur le premier jeu, et même s’il réutilise certains thèmes, il a fait un gros travail de composition qui transcende vraiment l’expérience, je trouve.

Et cette expérience n’est en rien gâchée par l’IA des PNJ. C’est un point que l’on reproche souvent aux développeurs : “L’IA est stupide, ce n’est pas crédible, les PNJ sont aveugles/sourds, etc.”

Bien souvent, ce n’est pas que les développeurs ne savent pas coder une IA crédible, c’est simplement un pur choix de game design. On ne veut pas frustrer le joueur, alors on fait des concessions sur le réalisme du comportement des PNJ afin de lui garantir une expérience dénuée de frustration.

Mais la frustration est le meilleur vecteur de satisfaction. Certains développeurs l’ont compris, comme FromSoftware, mais également Warhorse. Ils n’ont pas souhaité faire de compromis sur le réalisme et les PNJ sont crédibles. Si vous tentez de les voler, il faudra faire cela de nuit, car ils entendent et voient tout ce qu’ils seraient censés voir dans la réalité. Si vous essayez de les berner en les attirant quelque part pour fouiller dans leurs affaires, ils vont vite revenir voir ce que vous faites. Si vous jetez un caillou pour distraire un garde et qu’il vous voit, il ne bougera pas et vous fera une remarque désobligeante, voire vous réprimandera et vous arrêtera si vous insistez. En combat, les ennemis vont toujours tenter de vous prendre à revers et d’utiliser leur nombre pour vous submerger. Bref, cela rend l’expérience plus difficile, mais c’est tout l’univers du jeu et votre immersion qui en ressortent gagnants.
Plaisir à jouer et à rejouer
KCD2 n’est clairement pas un titre à mettre entre toutes les mains. C’est dense, austère, lent, bavard, exigeant et frustrant. Oui, tout ça à la fois. Et pourtant, c’est une expérience incroyable à vivre si tant est que vous ne soyez pas réfractaire à ce type de proposition.

J’ai été happé par son univers dès lors que le jeu m’a lâché dans son monde ouvert ultra crédible. Le début de l’aventure est un peu longuet, le titre prend le temps de présenter ses personnages, leur psychologie, leurs aspirations et les enjeux qui vont rapidement les dépasser. Et puis, il est nécessaire de faire le lien avec le premier opus, car tous les joueurs ne l’auront pas forcément fini.

La charge cognitive que l’on subit lors des premières heures est assez massive, car on découvre toutes les mécaniques du jeu assez rapidement. Pour peu que vous n’ayez jamais joué au premier, l’apprentissage vous paraîtra d’autant plus dense.

La bonne nouvelle, c’est que les développeurs ont mis beaucoup d’efforts afin de rendre les tutoriels clairs et complets. Même si j’ai noté toutefois quelques zones d’ombre dans certaines mécaniques où il m’a fallu un peu de temps et de recherche pour comprendre. Sachez que dans le menu Pause, une rubrique “Aide” recense tous les tutos sur toutes les mécaniques. Il y a près de 60 pages…

Mais comme chaque chose qui en vaut le coup, il faut s’impliquer et investir du temps afin d’en extraire tout le plaisir et la gratification. Tous ces efforts consentis à l’apprentissage du monde et des règles qui le régissent permettent par la suite d’être complètement immergé et de profiter pleinement de l’aventure.

Dans le cadre de ce test, je cumule une centaine d’heures. On a eu le luxe d’avoir le jeu un mois avant sa sortie et ce n’est clairement pas de trop tant il est généreux. Pour être honnête, j’ai pas mal pris mon temps au début de l’aventure, en finissant méticuleusement chaque quête secondaire, en explorant chaque parcelle de terre. Et puis la réalité m’a rattrapé. En arrivant dans la région de Kuttenberg, son immensité m’a frappé. J’ai compris que je n’aurais pas le temps de faire le jeu à 100 % avant l’échéance de l’embargo. Toutefois, j’ai pu explorer à fond les deux régions, et finaliser environ 75 % des nombreuses quêtes secondaires et tâches annexes.

Malgré quelques rares points de frictions, je prends un plaisir énorme à parcourir ces contrées tchèques, et interagir dans ce monde qui n’a pas besoin de moi pour vivre, à pratiquer moult activités qui bénéficient toutes du même soin, à lire des livres, ou le codex, très complet, fidèle et bien écrit.

J’ai dû un peu rusher vers la fin pour finir le jeu, mais j’ai conservé des sauvegardes afin d’y revenir et je vais sans aucun doute continuer à flâner en Bohême pendant un long moment !

Il est bon de noter que le jeu ne propose pas de NG+. La rejouabilité est non négligeable puisqu’il y a de nombreux choix à faire et donc d’issues potentielles lors des différentes quêtes, et parfois elles peuvent même être fatales pour des personnages secondaires. On peut utiliser le système de sauvegarde très complet pour pallier cela mais si vous recommencez une partie, cela se fera de zéro. Et à ce compte, le mode hardcore annoncé par Warhorse (difficulté réhaussée, plus d’ATH…) sera un très bon prétexte de le relancer dans quelques mois.
Chasse aux trophées
Le titre propose une liste assez généreuse de 49 trophées, dont pas mal sont manquables. À mon sens, le platine demandera une bonne centaine d’heures en prenant son temps et probablement qu’il sera possible d’écourter la chasse en une soixantaine d’heures en ligne droite optimisée.

Les développeurs ont choisi de prioriser l’exploration et l’expérimentation, ce qui cadre parfaitement avec leur vision globale sur leurs deux jeux. Dans KCD2, pas de trophée lié à des collectables ! Oui, oui, vous avez bien lu. Un monde ouvert immense dépourvu de ces tâches rébarbatives où il faut tout collecter, aspirer, ramasser au point que vous passeriez pour un VRP de Dyson.

Les trophées liés à l’histoire sont finalement peu nombreux, moins d’une dizaine. Et tout le reste va être lié à des quêtes secondaires, des choix cruciaux à faire pendant une mission ou des actions à réaliser dans le monde, qu’il s’agisse de combats, de mini-jeux ou autres mécaniques présentes dans le titre.

À noter que le trophée “Carême” demande de finir le jeu sans jamais consommer de viande ou tuer d’animaux. Comme je n’avais pas la liste avant de démarrer mon aventure, je n’ai pas pu honorer ces conditions, mais là où ça me paraît un peu vicieux, c’est qu’il y a plusieurs situations au cours desquelles on doit se défendre contre des loups ou des chiens sauvages. Ils sont très agressifs et parfois, il est nécessaire de s’en débarrasser pour valider la mission.

Concernant les trophées manquables, ce sont essentiellement des choix à faire lors des missions principales ou l’achèvement de quêtes secondaires en général. Les descriptions étant assez claires, il suffit de faire une sauvegarde avant chaque quête pour ne pas prendre de risque et il doit être possible d’obtenir le platine en une seule partie.

En conclusion, je dirai que c’est une très belle liste qui récompense les joueurs pour leur curiosité et demande essentiellement de profiter de tout ce que le jeu a à offrir. Je ne pense pas refaire une partie entière juste pour débloquer “Carême” mais je vais clairement recharger mes différentes sauvegardes avec plaisir pour débloquer tous les autres trophées !
Conclusion
Kingdom Come: Deliverance II est une aventure riche dans un univers généreux et authentique. La bande-son exquise de Jan Valta vous donnera un réel sentiment d’immersion ce qui ne gâchera pas toutes les qualités visuelles du titre. Ses personnages très bien écrits vous transporteront aisément dans cette Bohême du 15e siècle. Sans jamais être manichéen, le jeu vous donnera l’occasion de vous faire votre propre opinion sur les manigances politiques et luttes de pouvoir et de faire des choix forts qui impacteront le monde qui vous entoure sans néanmoins modifier l’issue de l’histoire.

Attention toutefois.
À la manière d’un Red Dead Redemption II, cette suite, préparée avec amour et passion par Warhorse, va forcément cliver. Si vous êtes allergique aux jeux lents, précis, bavards qui mettent l’accent sur le réalisme, alors fuyez. En revanche, si vous avez aimé le premier opus, que vous êtes friands d’univers médiévaux, de RPG soucieux du détail aux nombreux systèmes imbriqués, et conquis par les titres qui offrent des heures de dialogues bien écrits, vous pourrez probablement y passer des centaines d’heures sans jamais vous lasser.
J'ai aimé
  • Un univers vaste, somptueux et immersif
  • Une bande-son maîtrisée
  • Une technique au poil
  • De nombreux systèmes et mécaniques aboutis
  • Une écriture et une narration de haute volée
  • Des personnages attachants et crédibles
  • Des quêtes secondaires au niveau de The Witcher 3
  • Un système de combat complet raffiné et enrichi
  • Un contenu très généreux
Je n'ai pas aimé
  • Des doublages en VF inégaux
  • Certains mini-jeux méritent d'être équilibrés
  • Le chien n'apporte pas grand chose
  • Quelques efforts en Qualité de Vie seraient nécessaires
  • Synchronisation labiale un peu aux fraises
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Je recommande ce jeu : À tous, Aux spécialistes du genre, Aux fans de la série, À un public averti

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