Les productions de Kojima ont toujours su briller par un visuel époustouflant.
Death Stranding ne déroge pas à la règle. La modélisation des différents acteurs ayant participé au projet est à souligner. Même si
Quantic Dream et
Supermassive Games nous avaient habitué à un beau travail, celui opéré sur
Death Stranding se place au-dessus tant les personnages paraissent vivants et jamais, à aucun moment, l'effet Uncanny Valley ne se fait ressentir. La synchronisation labiale, que ce soit en anglais ou en français (d'ailleurs le doublage est maîtrisé, quelque soit la langue), n'accuse aucun problème : pas de lèvres bougeant alors que le personnage est muet, ou inversement. Si vous souhaitez voir jusqu'à quel point la modélisation est accomplie, amusez-vous à faire des grimaces avec Sam devant son miroir dans sa chambre privée. Vous aurez de beaux clichés à prendre !
Même s'il a été présenté avant même la sortie du jeu, quelques mots doivent être portés sur le casting. Comme l'ont souligné nombre de rédacteurs et de joueurs, on retrouve Guillermo del Toro et Norman Reedus déjà présents sur le projet
P.T. À noter que, contrairement aux autres acteurs, Guillermo ne fait que prêter son visage (et son corps) au personnage de Deadman. Troy Baker est aussi de la partie et même s'il n'a rien à voir avec l'affaire
P.T il n'est nullement étranger aux productions de Kojima puisqu'il n'est, rien de moins, que la voix de Revolver Ocelot, un personnage emblématique de la saga
Metal Gear Solid. Preuve encore que Hideo Kojima porte le cinéma dans son cœur, le nombre d'acteurs présents dans son casting comme Léa Seydoux dans le rôle de Fragile, Margaret Qualley dans celui de Mama ou encore Mads Mikkelsen. Chaque membre du casting s'implique dans son rôle et aucun d'eux n'est laissé de côté, le jeu se permettant des moments de pause pour expliciter le passif de chacun.
En dehors des personnages principaux, ceux que vous croiserez durant vos voyages ne sont pas exemptés du morphing, même si moins mis en avant puisque la plupart des gens que vous croiserez seront sous forme d'hologrammes. Quant à l'environnement, il offre assez de variété pour éviter d'avoir la sensation de voir la même chose, tout en offrant assez d'obstacles pour venir titiller la patience du Porteur que vous êtes. Les plaines herbeuse succèdent à de vastes landes rocheuses, sans compter les crevasses et les rivières dont le courant peut vous emporter. L'absence de réelle vie en dehors de vous et des autres humains pourra gêner nombre de joueurs, mais n'oublions pas les Echoués. Comme dit plus haut, leur présence est précédée par la pluie. Après quoi, un signal et les pleurs BB vous indiquent leur proximité. Si jamais vous êtes attrapé, vous devrez vous extirper d'une vaste flaque de mazout avec une créature vous poursuivant, prête à vous croquer.
Death Stranding finira par vous arracher un petit cri de rage dès que la pluie se fera sentir dans le jeu.
Avant de continuer plus avant sur le gameplay, finissons sur la musique. L'OST est composée par
Low Roar, un groupe islandais folk-rock dont l'oeuvre a immédiattement plu à Kojima. Et on ne peut que le comprendre. Chaque piste a été travaillée afin de s'accorder au moment où elle apparaît. Ainsi, en avancant simplement sur la carte durant l'histoire, une musique précise va se déclencher souvent accompagnée d'une caméra panoramique offrant alors à l'écran un visuel proche des films avec crédits de la musique sur le côté, en remplacement du générique. Toutes les pistes peuvent être écoutées à tout moment depuis la chambre privée. Cela reste dommage de ne pas avoir la possibilité de l'écouter durant vos escapades, par le biais d'un lecteur quelconque, à l'image des
Metal Gear.
Joueurs qui n'appréciez pas les quêtes dites Fedex, fuyez
Death Stranding. Sam étant un Porteur, la majorité de ses actions consistera à livrer d'un point A à un point B. Même si cela peut paraître, de prime abord, d'une simplicité enfantine, il n'en est rien. La plupart de commandes réclament des critères spécifiques comme livrer en un temps donné, porter le colis dans un sens précis (à plat, ou à la main), veiller à ce que la livraison ne subisse pas de haute température si elle est réfrigérée, etc. Dans le même ordre d'idée, vous devrez veiller à ramener la marchandise intacte ou, du moins, dans le meilleur état qui soit. Sam évoluant au sein d'une nature accidentée, bien souvent à pied, et qu'il peut croiser aussi bien des ennemis humains tirant à vue que des Echoués, la tâche se complexifie singulièrement. Oh et selon le poids à porter, vous devrez éviter de dégringoler avec vos 100 kg sur le dos en restant appuyé sur

+

ce qui, en pente, grignote férocement votre barre d'endurance.
Mener la vie de Sam c'est presque jouer à une simulation de livreur en conditions extrêmes. Heureusement la marche à pied ne sera pas votre unique option et vous débloquerez l'accès à des véhicules vous aidant dans votre tâche comme la moto ou la voiture. Si la première se montre rapide, elle ne peut porter qu'un poids maximum tandis que la voiture, plus lente, est très efficace pour les livraisons les plus lourdes. Vous disposerez aussi d'exo-squelettes couplés d'un turbo pour les robustes, tout terrain ou encore augmentant de base votre vitesse. Dans la même veine, des armes viendront compléter votre attirail afin de repousser les MULEs, ces ennemis prêts à vous dézinguer pour récupérer vos colis. Que vous appréciez l'usage de la violence ou vouliez seulement assommer vos adversaires, le choix est laissé vôtre. L'histoire vous obligera tout de même à mener quelques combats même si vous appréciez l'infiltration.
En plus d'être un livreur d'exception, Sam sait aussi ériger des structures. Vous commencerez doucement avec des échelles et d'ancres à escalade, de quoi permettre de grimper plus facilement contre les parois ou descendre dans des canyons. Viendront ensuite s'ajouter les ponts, routes mais aussi des générateurs pour alimenter la batterie de vos moyens de locomotion (tout fonctionne à l'électricité, on n'arrête pas le progrès !) Ces édifications réclameront beaucoup de ressources, peuvent être améliorées et surtout érigées... à plusieurs !
Death Stranding propose un aspect multijoueur aussi bien passif qu'actif, au sens où vous pouvez jouer avec ou sans, sans que le jeu ne vous l'impose. Mais l'accepter vous ouvrira de nouvelles façons d'aborder Death Stranding. En avançant, vous croiserez plus d'un élément laissé par un joueur et que vous êtes libre d'utiliser, de réparer si les précipitations l'ont érodé, voire de détruire pour certains. Dans ce cas-là, vous obtenez des ressources en retour. Chaque utilisation d'une construction érigée par un joueur tiers envoie à ce dernier des « Likes ». Ces derniers n'ont aucune valeur in-game entre joueurs (comme l'équivalent d'une monnaie) seulement le sentiment d'une gratification. Vous pouvez vous-même laisser des « Like » simplement en appuyant sur le pavé tactile à proximité d'une structure. Les PNJs vous gratifieront aussi de « Like » pour vos commandes (en plus de denrées plus matérielles, comme les ressources).
Avec son poids de 55 Go,
Death Stranding tient la route de bout en bout. Le jeu n'accuse que quelques téléchargements lors du lancement du jeu, d'un changement de zone ou lorsque vous vous téléportez. Au niveau des bugs, quelques-uns ont été rencontrés à un moment donné, renvoyant au menu de la console comme s'il était impossible de se rendre dans une zone précise. Mais cela n'a eu lieu qu'une fois.
Visuellement impeccable, Death Stranding témoigne d'un travail soigné sur tous les aspects. Le gameplay prendra probablement plus d'un joueur en dépourvu par ce mélange atypique de la simulation de livraison avec des phases alternant entre l'infiltration et le FPS selon les choix du joueur.