Citizen Sleeper
Infos complémentaires
Genre(s) : Action , RPG, Indépendant
Territoire(s) : FRANCE
159 joueurs possèdent ce jeu
Platiné par : 31 joueurs (19 %)
100% par : 31 joueurs (19 %)
Note des joueurs :
4.6/5 - 5 notes
Note des platineurs :
4.7/5 - 3 notes
Test rédigé par AngelMJ le 12-03-2024 - Modifié le 11-04-2024
Savant mélange entre jeu narratif et jeu de rôle sur table, Citizen Sleeper a remporté un franc succès de part la qualité de son écriture et la richesse de son univers. Longtemps cantonné à la langue de Shakespeare, le jeu s'offre début 2024 une traduction française intégrale via une mise à jour gratuite. L'occasion de revenir plus en détails sur cette œuvre qui a marqué la scène indé, tout en préparant le terrain pour sa suite annoncée durant l'été 2023.

Complétez les différentes quêtes à votre disposition pour progresser dans l'histoire.

Faites connaissance avec les habitants de l'Œil (le rédacteur a écrit "crush material" dans ses notes).

Certaines rencontres sont plus inquiétantes que d'autres...
Votre progression est rythmée par des cycles (équivalent jour/nuit) durant lesquels vous devrez vous nourrir et vous soigner pour ne pas subir un malus qui limiterait vos actions pour le cycle suivant. En tout, l'aventure se déroule sur une douzaine d'heures, voir plus si vous vous frottez à l'histoire annexe qui a été ajoutée comme DLC gratuit.
Le jeu peut ainsi être perçu comme un roman interactif qui mise avant tout sur la qualité de son écriture. On pourra d'ailleurs noter l'excellente traduction française qui, même si elle est arrivée sur le tard, permet de profiter pleinement de l'univers du titre et de ses dialogues. Pour avoir tenté le jeu à l'époque où il n'était qu'en anglais, je peux vous assurer que cette traduction n'est pas du luxe et qu'elle rend accessible un récit qui ne demande qu'à être découvert.
Car cela peut paraître évident pour un jeu narratif mais Citizen Sleeper est vraiment bien écrit. Malgré son vocabulaire riche et spécifique (on est dans un univers de SF), il se dégage des textes une douce mélancolie qui lui donne un ton singulier. Ajoutez à cela que l'on se prend vraiment d'affection de tous les personnages vivants sur l'Œil. Chaque parcours est unique et se veut la métaphore de différentes thématiques que le jeu souhaite aborder. Des thématiques souvent dures mais avec un ton globale qui se veut optimiste et tourné vers l'avenir (on parle de Hopepunk dans le cas présent, en opposition au Cyberpunk qui se veut plus cynique).
Bref si vous n'êtes pas allergique à la lecture, préparez-vous à une aventure de grande qualité. Le titre parvient à se tenir du début à la fin et ses mécaniques de jeu liées aux dés donnent vraiment l'impression d'influer sur l'avenir des personnages. On regretterait presque que cela ne dure pas plus longtemps tant l'univers est riche. L'annonce d'une suite ne peut être que bon augure.

C'est le jeu de "Où qu'il est le curseur ?". Mais on s'y fait à force.

La navigation sur la map en 3D n'est pas toujours évidente.

Le charadesign est une des forces de Citizen Sleeper.
Bien sûr, de par son type de jeu, Citizen Sleeper n'est pas là pour en mettre plein les yeux visuellement. Comme dit l'Œil n'a pas un design poussé mais les quelques éléments qui l'habillent permettent de se repérer sans trop de difficulté. Là où le jeu brille c'est au niveau du charadesign. Réalisé par l'illustrateur français Guillaume Singelin, le casting dégage beaucoup de charme et on s'attache immédiatement à tous les personnages de la station abandonnée. Mention spéciale aux créatures du monde numérique qui effraient autant qu'elles fascinent. De plus, si on fait abstraction du manque de lisibilité, l'interface dispose d'une identité forte. Avec ses couleurs jaune et rose sur base de noir profond, on ne peut pas nier que le jeu de Gareth Damian Martin se distingue et demeure facile à identifier.
S'il y a un autre point où le titre mérite votre attention, c'est la musique. J'ai rarement entendu une composition si discrète et à la fois si marquante. C'est difficile à décrire mais la musique s'adapte à vos activités. Les transitions se font en douceur, sans que vous y prêtiez attention et correspondent toujours au ton de la scène en cours. Ne soyez donc pas surpris si vous vous surprenez à fredonner certaines mélodies ou vous retrouvez à écouter la bande originale en dehors de vos heures de jeu.
En bref, si l'interface mériterait d'être plus accessible, le jeu séduit par son charadesign et son ambiance musicale. En ajoutant à cela la qualité de l'écriture, on peut dire que Citizen Sleeper se démarque et arrive à proposer un univers identifiable et charmeur.

Compléter les quêtes vous octroie des points d'amélioration pour faciliter votre progression.

De nouvelles options se débloquent au fur et à mesure pour rendre vos cycles plus simples.

Il faut parfois plusieurs cycles avant qu'un évènement ne s'enclenche.
Au risque de le répéter, la qualité d'écriture fait que l'on rentre facilement dans le récit. L'envie de progresser est présente et il tarde toujours de découvrir ce que l'Œil a à offrir. Il faudra néanmoins être patient au début et apprendre à gérer les contraintes que le jeu impose niveau rythme. Vous avez un nombre limité d'actions par cycle et ce nombre varie en fonction de votre état de santé. Plus vous serez faible et moins vous aurez de dés à disposition. Un choix de game design qui peut s'avérer contraignant car notre Dormeur rencontre de multiples raisons de perdre en efficacité.
Toutefois cet aspect survie tend à s'atténuer, voire à complètement disparaitre au fil du temps. En effet, vous disposez d'un arbre de compétence que l'on peut faire progresser au fur à mesure que l'on complète des quêtes. Ce dernier offre différents talents passifs ainsi que des bonus gonflant le résultat de nos lancés de dés, assurant la réussite de toutes nos actions. Ajoutez à cela qu'une exploration poussée de la station vous offrira de nombreuses manières de subvenir à vos besoins. Ainsi se nourrir ou se soigner ne deviendra plus qu'une formalité dans la routine de vos cycles.
On pourra regretter que cette notion de survie s'efface rapidement pour devenir presque anecdotique sur la fin du jeu. Le choix d'une classe de personnage en début de partie se révèle également très gadget, vu qu'au final on débloque la quasi totalité de l'arbre de compétences. Mais d'une certaine manière, cela est cohérent avec la progression de notre Dormeur au sein de l'Œil. Démarrant comme simple réfugié dans le besoin, nos activités et rencontres forgent notre personnage et le rendent plus fort et plus indépendant. S'installe alors une saine routine, où l'on vadrouille au quatre coins de la station, offrant de l'aide à qui le souhaite et prenant soin de notre corps synthétique avec plus de facilité.
Cette manière de jouer colle parfaitement au ton du jeu et aux différents messages qu'il souhaite transmettre. Citizen Sleeper n'est pas un jeu de survie. C'est un jeu narratif qui cherche à faire ressentir, via son système de progression, que notre Dormeur évolue, s'intègre, grandit. La vocation du titre à nous faire vivre une expérience inédite prend donc tout son sens ici.
De ce fait le jeu demeure captivant de la première à la dernière ligne de texte, et ce jusqu'à ce que vous décidiez du destin final de votre avatar. Il est en effet possible de choisir plusieurs conclusions à votre voyage. Aucune n'est vraiment bonne ou mauvaise, elles restent toutes dans le ton général du jeu qui se veut mélancolique. Cela offre à tout à chacun la possibilité de conclure de la manière dont il souhaite, laissant le souvenir d'une belle aventure.
En un mot comme en cent, Citizen Sleeper se révèle être un titre véritablement plaisant à parcourir. Le mélange de narration et de jeu de rôle permet d'écrire sa propre histoire et d'incarner un Dormeur qui nous ressemble. On regrettera juste que l'aspect survie devienne très anecdotique à moyen terme, mais sans doute que ce point sera plus travaillé dans la suite (d'ailleurs le scénario inédit se concentre beaucoup plus sur la gestion de ressources que l'intrigue principale, donc à voir).
De plus, certains trophées sont liés à des choix (principalement au niveau des différentes fins) et il pourra être intéressant d'utiliser vos sauvegardes à bon escient pour ne pas à devoir faire plusieurs parties. Je vous renvoie vers le très bon guide disponible sur le site. Il propose une ligne de conduite permettant de profiter de votre voyage sans spoil et sans crainte de rater un trophée.
En clair, une collection qui demande un peu d'attention mais qui ne représente aucun challenge et qui s'inclut de manière intelligente dans la progression. Simple et efficace.
- La richesse de l’univers du jeu
- Une galerie de personnages attachants
- La qualité du texte et sa traduction
- Une progression libre avec plusieurs fins
- Le scénario additionnel directement intégré
- La bande originale envoûtante
- Une entrée en matière un peu austère
- L’interface qui manque de clarté au début
- La gestion des ressources, anecdotique sur la fin
- Un choix de classe de personnage peu impactant
- La quantité de texte qui peut intimider
- Se dévore en quelques heures