La plume : très bonne surprise de cette opus. Comme si l'équipe de développement avait (enfin) reçu un électrochoc, cette saison de Batman réuni tout le plaisir que l'on attend d'un jeu
Telltalle.
Tout d'abord par le protagoniste. Même si cet opus nous donne une dose agréable d'action et de combats sous le masque nocturne de notre héros, l'histoire prend en fait place majoritairement sous la chevelure gominée de Bruce Wayne. Et c'est justement là que s'illustre la qualité narrative de
The Enemy Within. En effet, nous ne sommes pas dans une production
Rocksteady mais bien dans un scénario de narration. Nous ne sommes pas non plus dans un
comics de chez DC mais bien dans l'adaptation d'un univers. Avec des héros et vilains bien connus, mais dans des intrigues inédites. C'est ainsi que le premier épisode vous confrontera à un Enigma bizarrement bien plus sadique et violent qu'à l'accoutumée, que vous allez vaincre sous une cape de cuir, mais c'est sous une chemise 100% soie que vous allez par la suite devoir mener l'enquête, infiltré dans un groupe de super-méchants grâce à votre curieux compagnon souriant : John Doe.
Peut-être bien l'une des interprétations les plus originales qu'il m'ait été donné de voir sur le personnage du Joker. Toute cette saison se base non pas sur le plus grand génie criminel dans l'univers des méchants mais sur le simple John Doe, en proie a ses démons intérieurs, mais qui lutte néanmoins pour garder son humanité. C'est un deutéragoniste faible, mal dans sa peau et manquant totalement de confiance en lui que vous allez côtoyer et même protéger. Depuis votre évasion de l'Arkham Asylium, John vous voit comme un mentor et un véritable ami en qui il accorde toute sa confiance. Pourtant, vous allez devoir abuser de cette confiance pour pouvoir infiltrer les rangs de son groupe. Tout n'est cependant pas perdu pour lui. En effet, en fonction de vos agissements et de vos paroles, vous allez détenir le destin de John/Joker entre vos mains. Qu'il s'agisse de l'aider à draguer Harley Quinn
(la scène du café est tout simplement mythique) ou à contenir la violence qui sommeille en lui
(ou au contraire de la laisser s'exprimer), il boira vos paroles au point que, manette en main, vous ne pouviez empêcher une certaine empathie envers lui, voire de l'amitié, tout en sachant qui cette personne va devenir à la fin.
C'est sur ce fil rouge que la construction géniale du scénario va s'enclaver. Tout en devant gagner la confiance d'Harley, Bane et Mr. Freeze, gérer la dualité entre le commissaire Gordon et A. Waller et faire l'introspection sur votre relation avec une féline de retour dans votre vie, qu'allez vous faire de ce pauvre John Doe ? Sa folie semble s'exprimer de plus en plus au fil des heures et ce seront vos choix qui détermineront la psyché dominante du Joker. Ainsi, dans le dernier épisode, c'est soit un Joker Justicier, ami de Batman, soit un Joker Criminel, à l'orée de sa folie, que vous allez devoir affronter. Particulièrement dans le premier cas
(l'amitié), l'affrontement final est tout bonnement épique dans son aspect psychologique. Le dernier dialogue entre les "deux héros" conclut d’ailleurs parfaitement et intelligemment cette dramaturgie. Une vraie réussite, à tel point que, pour une fois depuis bien longtemps, on a véritablement envie de reprendre le jeu et de se comporter avec John Doe à l'inverse de notre première partie pour voir le résultat. L'effet papillon de jadis semble retrouver son attrait chez
Telltalle, en tout cas pour
The Enemy Within.
Quelques points noirs néanmoins, car il en faut. Les sempiternelles longueurs en cours d'histoire qui ont encore trop tendance à ralentir le rythme. Même si, pour une fois, les scènes d'actions sont très bien ancrées dans l'histoire, certains QTE restent eux aussi encore anecdotiques, voire inutiles. Un dernier point, la fin est, à mes yeux en tout cas, parfaitement ridicule. A moins que le scénario de la saison 3 soit déjà dans la tête des scénaristes, et qu'ils savent déjà où ce "choix final" va nous emmener, il faudra m'expliquer la logique et surtout la pertinence de ce final comparativement à l'aventure vécue lors de ces 6 chapitres.