Mise en scène
Le jeu installé, nous nous retrouvons dans un menu principal coloré montrant une salle de spectacle avec son rideau fermé. Il y a le choix entre une nouvelle partie et "partie à deux". Commençons déjà par jouer en solo.
Balan Wonderworld va vous proposer de choisir un personnage entre Leo Craig et Emma Cole, avec la possibilité d'une variation dans la couleur des cheveux et de la peau. Très exactement quatre choix pour chaque héros, ce qui est complétement anecdotique. On notera toutefois que cette sélection se verra dans les cinématiques mettant en avant nos personnages.
Léo sélectionné de notre côté, nous le découvrons dans une très belle scène cinématique en train de danser dans les rues de la ville près de quelques adolescents. Alors que ces derniers l'applaudissent, il se met à bouder, ignore tout le monde et s'en va. Pendant que l'opening se lance, Léo se promène jusqu'à tomber au détour d'une ruelle sur le théâtre de Balan. Nous observons en parallèle qu'Emma arrive exactement au même endroit mais que les deux adolescents ne peuvent pas se voir.
Une fois dans le théâtre, Balan, le personnage mystérieux, débarque et tout s'accélère. Danse, chant, lumière, spectacle, musique, magie, deux phrases de dialogues floues et
bam ! Désillusion immédiate. La belle scène cinématique beaucoup trop expédiée vous expulse sans explications dans le jeu. Vous êtes au contrôle de votre personnage, sur une petite île entièrement vide qui semble voler au milieu de nul part. Un gros numéro "1" apparaît devant vous avec un socle. Comme il n'y a rien d'autre à faire, on s'y positionne et nous pouvons entrer dans le premier niveau du jeu.
La désillusion va alors continuer et une question va revenir sans cesse : "Mais qu'est ce que je fais là ?". Si Balan viendra juste expliquer deux trois choses du gameplay par une bulle de dialogue sans vie en plein milieu de l'écran, le scénario a totalement oublié de se présenter à vous.
L'expérience du niveau 1
Forcément, vous allez chercher à comprendre et à avancer dans ce premier niveau centré sur le thème de la ferme. Vous ramassez des cristaux colorés, vous voyez pleins de petits personnages qui dansent et un fermier de la taille d'une maison. Naturellement, on s'approche d'eux : quelle stupeur de les voir tous disparaître immédiatement à notre approche, en voyant bien les pixels s'effacer. Si vous vous éloignez, ces personnages reviennent tout de suite mais vous comprenez alors qu'ils ne font que parti du décor et que vous ne pourrez parler à personne. Jamais.
Visitons les lieux dans ce cas.
Le niveau, et tous les autres ensuite, sont pensés à la façon d'un Mario 64. Des statuettes dorées sont réparties un peu partout et il faut les récupérer bien entendu. Certaines seront inaccessible pour l'instant, réclamant un pouvoir précis afin de les atteindre. C'est ici qu'entre en jeu les costumes. Au fur et à mesure de votre aventure, votre personnage trouvera de nombreux déguisements offrant une action précise. Par exemple, le tout premier que vous obtenez permet de faire une attaque tourbillon en sautant.
Vous avez intérêt à bien retenir quel costume donne quel pouvoir parce qu'il y en a 80 en tout ! Ce qui va très vite être beaucoup trop, surtout que certains d'entre eux seront utiles une seule fois, voir pas du tout, et que plusieurs auront les mêmes pouvoirs, à quelques fines variations près. Ici, la quantité des déguisements a été privilégié plutôt que la qualité des techniques qu'ils proposent.
Après avoir ramassé vos premières statuettes, le niveau étant assez court, vous atteignez rapidement la sortie. Près d'elle, vous voyez un chapeau haut de forme en or. En s'approchant, Balan apparaît ! Joie, peut être un dialogue, une explication ? Il dit que nous allons être content, on peut s'amuser et le jouer lui.
Nous sommes alors transportés dans la "Bataille de Balan" et, que cela en déplaise à Balan, vous n'allez vraiment pas être content. Dans une sorte de scène cinématique, vous le verrez voler et taper des trucs en souriant. Le choix du mot "truc" n'est pas anodin, on ne distingue même pas contre qui ou quoi il se bat. Vous n'êtes toutefois pas inactif puisque vous devez appuyer sur

quand c'est le bon moment afin que Balan puisse frapper. Il faudra quand même le faire quatre fois ! Si vous actionnez à la perfection ces quatre fois, vous gagnez une statuette dorée et vous revenez dans le niveau. Sincèrement, vous sortirez de là en vous demandant
"Qu'est ce que c'était que ce foutoir ?" Mais retenez bien cette "bataille", nous y reviendrons plus tard dans la partie plaisir à jouer ainsi que dans les trophées. Quittons d'abord les lieux.
Ce premier monde n'était en fait que l'acte I du niveau 1. Toujours sans scénario ou personnage qui explique pourquoi on est là, nous terminons l'acte II. Ce n'est qu'à la fin de ce dernier qu'il y a enfin une scène cinématique mettant en scène le fameux fermier. Si elle est plutôt jolie et réussie, elle montre un événement où personne ne parle.
Il faut laisser libre court à son imagination pour comprendre ce qu'il se passe. Nous y voyons le "méchant" du jeu, qui ne s'est pas présenté, maudire le fermier. Il s'appelle Lance mais ça, nous le savons parce qu'il y a un trophée qui dit "battre Lance", on ne nous le présente pas. Autrement, il pourrait tout aussi bien s'appeler "Dark Shadow" au vue de son design. Quoi qu'il en soit, ce dernier disparaît et
s'enchaîne alors un combat contre un boss fort sympathique avec une belle musique épique. Une joie de courte durée hélas puisque la bataille se terminera très rapidement, votre adversaire n'ayant besoin que de trois coups pour être vaincu.
Une nouvelle scène s'enclenche, le fermier est sauvé, il est content et vous revenez sur l'île du début qui sert en fait d'hub central. Vous débloquez le niveau 2 ainsi que le 3 et au vue du compteur de statuette dorée, vous comprenez qu'il faudra en rassembler plus pour accéder à l'ensemble du jeu. Notons une nouvelle fois que l'on ne vous explique toujours pas pourquoi vous êtes ici et que le vide sidéral du hub n'aide pas à mieux comprendre.
Bon, pourquoi j'ai pris autant de temps pour vous expliquer le début du jeu et son niveau 1 ? Parce que vous allez faire ça douze fois. Vous découvrez un nouveau niveau, toujours pensé avec un thème plus ou moins original (il y en a avec de très bonnes idées, comme le monde sur le thème d'un peintre), vous découvrez des nouveaux costumes, vous terminez les deux actes en rassemblant les statuettes, on vous met une cinématique avant le boss pour vous montrer l'inconnu qu'on aide plus ou moins, vous battez l'adversaire, on passe à la suite.
Si les niveaux ont du charme, la majorité reste très classique. Le contenu du jeu va alors se limiter à son principe de base : c'est un plate-formeur et vous devrez rassembler tous les collectibles du coin. Pour citer le
Joueur du Grenier qui a trouvé le nom parfait pour ce genre,
c'est un jeu à patoune. Ce qui sort vraiment du lot, ce sont les boss que l'on découvre avec plaisir mais on ne peut que regretter la facilité avec laquelle on expédie les combats.
Où est le scénario ?
Sérieusement, où est-il ? Si on peut comprendre que le but était de faire marcher notre imagination en ne mettant pas de dialogues, il faut clairement le dire, ça ne fonctionne pas. Si les cinématiques sont belles, elles racontent beaucoup trop tard ce qu'elles ont à dire !
Le niveau 1 est sur le thème de la ferme, on traverse les deux actes et ce n'est qu'une fois arrivé au boss qu'on vous montre que le fermier est maudit par le méchant après avoir perdu ses champs de blés suite à une tornade. Vous battez le boss, c'est terminé.
Le semblant de scénario arrive alors que c'est la fin et c'est à chaque fois pareil. Vous arriverez dans les douze niveaux, sans le pourquoi du comment, et on vous parlera d'un personnage avant de combattre un gros adversaire afin de passer tout de suite au chapitre suivant. Surtout que nous n'en avons pas parlé avant, mais une fois le boss vaincu, vous vous mettez à danser avec le personnage "sauvé". C'est mignon mais pourquoi ? Pour quel raison ? Qu'est ce qui se passe ?
Cela met en lumière le véritable problème du jeu, au-delà même de l'aspect technique que nous verrons plus tard.
L'idée de base, je pense, était de faire marcher notre imagination en nous racontant une histoire par les images. Sauf que c'est totalement mal amené et mal organisé. Nous sommes propulsé dans un monde magique dont nous ne comprenons pas le fonctionnement, face à un méchant sans intérêt qui apparaît comme ça alors que l'on ne sait même pas ce qu'il veut. Et surtout, Balan... C'est qui ? D'accord, il semble être magicien, nous étions dans son théâtre et il nous envoie dans son univers pour, on dirait, aider des gens. Mais pourquoi ? Pour quel raison ? Qu'est ce qui se passe ?
Et enfin, pourquoi notre personnage ? Si on analyse la scène d'opening, Léo n'arrive pas à créer un contact avec les gens de son âge malgré son talent de danseur ? En même temps quand on vous applaudit mais que vous partez en ignorant tout le monde et en faisant une tête d'enterrement, c'est compliqué forcément. Mais c'est ça qui justifie que Balan nous fait aller dans son monde ? Des questions qui vous feront totalement sortir du jeu dès les premières minutes de gameplay et c'est bien le problème.
Pourtant, en jouant, l'idée d'origine nous vient en tête. On se dit que les créateurs voulaient laisser la magie opérer via notre imaginaire enfantin, ou tout simplement viser un publique jeune.
Sauf que la suspension consentie de l'incrédulité ne marche pas. Ce terme à rallonge décrit le fait que nous acceptons de mettre de côté notre scepticisme afin d'embrasser pleinement l'œuvre à laquelle nous jouons, tout en acceptant les règles de l'univers proposé. Clairement, vous serez sceptique tout le long de l'aventure et que ce soit destiné aux enfants ne changent rien, il faut mettre les bouchées doubles dans le scénario et/ou la magie afin de faire briller leurs yeux.
Quand nous allons voir une pièce de théâtre, le scénario n'est-il pas indispensable ?
Le jeu dans sa globalité
Par contre, si vous arrivez à passer au-delà de ce qui vient d'être écrit, vous pourriez très bien apprécier ce plate-formeur. S'il reste très classique en effet, ses douze niveaux divisés en deux actes chacun gardent un charme indéniable, le tout soutenu par une excellente bande son.
Afin d'atteindre le boss final, vous devez rassembler 110 statuettes dorées sur les 228 disponibles au début, ce qui permettra d'accéder à la fin du jeu sans trop se perdre dans la collecte des collectibles. Une fois votre terrible adversaire terrassé et ses douze sous-fifres vaincus, vous débloquerez les actes III de chaque niveau avec 72 nouvelles statuettes à récupérer.
Au total, vous aurez 36 mondes à terminer, 13 boss à battre, 300 statues à collectionner et 80 costumes à mettre dans votre garde robe. En somme, il vous faudra une dizaine d'heure pour terminer le jeu, entre le double et le triple afin de le compléter à 100%.
Chaque monde sera à traverser avec les nouveaux déguisements obtenus, ce qui permet de renouveler le gameplay au fur et à mesure. Certains costumes permettront même de prendre de la hauteur et vous pourrez traverser les mondes plus facilement en passant par le haut du décor par exemple.
Ajoutons à cela le hub central qui va au fur et à mesure prendre un peu de vie avec les "tims". Des petits poussins colorés tout mignon que vous pourrez nourrir avec les cristaux obtenus dans les niveaux. Ces tims s'obtiennent via des œufs trouvés durant votre périple et ils servent à fabriquer une sorte d'aire de jeu. À force de les nourrir, ils jouent et avec la magie des lieux, cela construit une tour où il peuvent s'occuper. Si cela met un peu d'animation dans le coin, ainsi que de l'utilité aux cristaux que vous ramasserez dans l'aventure, l'intérêt que cela apporte est nul. Ce n'est que lorsque vous vous pencherez sur les trophées et sur un guide de soluce que vous comprendrez qu'ils serviront à obtenir le dernier costume du jeu, mais c'est tout.
Enfin, comme indiqué au début de ce test,
il y a la possibilité de jouer à deux en local. Un joueur prend Léo, l'autre Emma. Essayez ce mode, il faut vraiment se retrouver manette en main pour s'en rendre compte. La caméra ne suit que le joueur 1 et elle n'est contrôlé que par lui. Le joueur 2 peut se retrouver hors champs et continuer à se déplacer longtemps avant d'être ramené près du héros principal, s'il n'est pas mort d'ici là. C'est tout simplement injouable et vous aurez très vite fait de revenir à une partie solo.