Tails Noir

ps4
Extra

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 28/10/2021
Genre(s) : RPG
Territoire(s) : FRANCE

35 joueurs possèdent ce jeu
27 trophées au total
0 trophée online
0 trophée caché

Platiné par : 2 joueurs (6 %)

100% par : 2 joueurs (6 %)


Pas de note
des joueurs

Pas de note
des platineurs

Test rédigé par Pelotedeneige le 11-11-2021 - Modifié le 11-11-2021

Introduction

Image

Petit ourson, il fait de la dépression, et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou pas. - Arthur Pendragon

Chat échaudé craint l'eau froide comme on dit. L'expression sied ici à merveille à ceux qui se sont essayés à Blacksad et qui en sont sortis les poils hérissés, la faute à un aspect technique profondément terni par pléthore de bugs et un déplacement du héros des plus pataud. Alors quand on parle d'un nouveau détective privé, lui aussi animalier, de surcroît en plein décor de film noir, forcément, certaines moustaches commencent à frétiller. Qu'en est-il donc de Backbone du petit studio canadien Eggnut dont c'est le premier jeu ?

L'histoire prend place dans une ville de Vancouver dystopique, dangereuse, triste et lugubre, habitée par une population anthropomorphique. Vous incarnez Howard Lotor, un raton-laveur ô combien cynique récemment reconverti en détective privé. Son quotidien ? Des fraudes à l'assurance, des véhicules volés, des adultères… Il n'a rien de spécial. Il n'est pas un héros. Mais par un concours de circonstances, il se retrouve contraint de résoudre la plus grande enquête de sa vie et peut-être même de toute la ville.
Contenu du jeu
Téma la taille du rat

Difficile de classifier Blackbone tant ses frontières semblent ténues. Flirtant par moment avec le Point & Click et le visual novel, la production se définit elle-même comme un jeu d'aventure narratif néo-noir, une sorte de renouveau d'un genre qui tire ses inspirations des films criminels et de la littérature policière où le pessimisme et la fatalité tutoient le tragique et le complot. Aux commandes du classique détective privé à l'imperméable beige, vous déambulez à travers plusieurs environnements et entamez diverses conversations avec une petite poignée de personnages afin de faire progresser l'histoire et déverrouiller quelques étapes qui bloquent votre avancée. L'expérience se veut de base très cinématique et linéaire et tend à se consommer extrêmement rapidement.

La trame traite de thématiques fortes telles que le racisme, le sexisme, la drogue, la dépression ou encore la mort qui contrastent fortement avec l'aspect enfantin des habitants pelucheux et qui destinent Backbone à un public adulte. Le scénario se découpe en cinq chapitres, dont un prologue et un épilogue, aux longueurs inégales et qui se bouclent en à peine cinq heures, même en prenant le temps de lire l'intégralité des dialogues, uniquement délivrés sous forme de texte, sans aucun doublage, mais intégralement traduits. Aucune quête annexe, ni collectible ni même énigme ou puzzle ne vient étoffer une durée de vie des plus frugale. Le Platine propose un brin de rejouabilité, nous le verrons plus bas, sans pour autant créer une véritable valeur ajoutée et apporte à peine un peu plus d'une heure supplémentaire sur les autres parcours.
Aspect technique du jeu
Qu'en dit raton ?

Graphiquement, le pixel art de Backbone est somptueux. La restitution des environnements se montre excellente, d'une grande finesse et les détails apportés aux décors impressionnent. Il existe un réel contraste entre certains lieux oppressants ou délabrés et d'autres ambiances plus feutrées ou classieuses. La direction artistique s'avère d'ailleurs tout aussi sublime. Les personnages bénéficient également de beaucoup de soin, notamment à travers leurs animations, justement retranscrites, aussi bien des animaux eux-mêmes que de leurs tenues qui épousent leurs déplacements. Mentionnons également la qualité du parallaxe qui appuie significativement l'impression de mouvement.

Sans pour autant se montrer désagréable, loin s'en faut, la bande-son se révèle un peu plus oubliable. Pas de réelle fausse note ici, d'autant que son caractère atmosphérique s'incruste bien à l'ensemble, mais on ne ressort pas chamboulé à son écoute. Elle reste toutefois pleinement à propos et renforce subtilement l'immersion avec une logique prédominance du jazz classique, film noir oblige, et du piano.

Le gameplay est quant à lui réduit à sa plus simple expression. La quasi-totalité du jeu se parcourt uniquement à travers des dialogues à choix multiples sans ajouter de réelles phases d'action. Une touche pour entamer une conversation, une pour courir, une pour s'accroupir en vue d'amorcer un brin d'infiltration et un bouton faisant apparaître un inventaire où sont stockés de rares objets récoltés, et c'est tout. La composante narrative prend nettement le pas sur les mécaniques.
Plaisir à jouer et à rejouer
Game Howard

En dépit d'un enrobage solide, Backbone ne procure que peu de plaisir manette en mains. En premier lieu, son gameplay inexistant tend à rendre l'expérience monotone. Pas de puzzles, pas d'énigmes, on se contente d'aller et venir pour parler à des personnages, certes bien écrits, mais sans véritablement jouer. L'existence d'une touche allouée à l'accroupissement de Howard nous faisait augurer de quelques séquences d'infiltration à même de nous réveiller. Hélas, la mécanique s'avère sous-utilisée et totalement anecdotique. À tel point qu'il aurait été préférable de ne pas l'implémenter.

Mais un jeu dépourvu de gameplay n'est pas systématiquement mauvais si sa composante narrative parvient à porter le tout. Malheureusement, ce n'est pas le cas ici. Certes, les dialogues choisis définissent Howard et renforcent notre interprétation. Toutefois, ils ne montrent jamais aucun impact sur le déroulé du scénario et l'on se sent impuissant tout du long, sans aucune influence sur quoi que ce soit, pas même sur la conclusion, unique et abrupte. Si on nous enlève tout pouvoir sur l'histoire et que l'on réduit les interactions au maximum, que nous reste-t-il ?

Et c'est tellement dommage car les qualités d'écriture sont bien là avec des protagonistes marquants, tantôt rincés par la vie, tantôt cyniques, aux lignes de dialogue parfois percutantes. La fin, même si elle risque d'en décevoir beaucoup, prend le parti de rester ouverte, non conventionnelle et amène de nombreuses réflexions. L'ambiance de Backbone prend aux tripes, le rythme de l'enquête est pourtant bien mené, les émotions pleinement ressenties. Il ne manquait pas grand-chose pour obtenir un jeu ne serait-ce que sympathique.
Chasse aux trophées
Trop fait

Le Platine de Backbone ne se montre pas des plus passionnant. En effet, il est nécessaire de réaliser pas moins de deux cheminements complets plus la moitié d'un pour l'obtenir. Outre les nombreux trophées pouvant être manqués car liés à des dialogues spécifiques à sélectionner, il convient de se présenter aux habitants de Vancouver sous plusieurs identités au gré des différents chapitres en conservant la même tout du long ou en prenant soin d'alterner les deux.

Par ailleurs, il est impératif de se comporter différemment d'une run à l'autre, tantôt empathique et conciliant, tantôt menaçant et violent, les trophées y afférents étant logiquement antinomiques. On répertorie également des récompenses nécessitant de répéter une action plusieurs fois comme le fait de renifler tous les objets qu'il est possible de sentir. Heureusement, il n'est pas indispensable de tout réaliser sur une seule partie et ce qui a été effectué reste en mémoire. Un bon point.

Enfin, on recense une breloque particulièrement pénible qui demande d'obtenir un lien affectif maximal entre Howard et sa comparse Renée. Impossible d'en définir précisément les contours ni de déterminer ce qui est essentiel ou non. Même les joueurs ne sont pas d'accord entre eux. Il faut alors passer par l'expérimentation et relancer une partie après chaque raté. Le trophée n'est pas irréalisable car victime d'un bug mais véritablement compliqué à décrocher vis-à-vis de ses prérequis particulièrement flous. Cette médaille à elle-seule rend le Platine difficile d'accès.

Décrocher le Saint Graal nécessite donc de parcourir le jeu intégralement près de trois fois, en sachant qu'aucune variation n'est perceptible ni sur l'histoire ni sur sa conclusion et que l'absence de gameplay oblige à passer l'intégralité des dialogues à la vitesse de la lumière en martelant une seule touche frénétiquement. Quel ennui !
Conclusion
Gratifié d'un début d'aventure prometteur servi par un pixel-art proche de la perfection, Backbone se prend vite les pieds dans le tapis et souffre d'un gameplay inexistant assorti d'une histoire prenante mais ultra dirigiste. L'écrin y est mais bon sang que le bijou est terni.
J'ai aimé
  • Direction artistique solide
  • Pixel art somptueux
  • Histoire bien rythmée et riche en émotions
  • Personnages bien écrits
  • Traduction intégrale
Je n'ai pas aimé
  • Scénario trop dirigiste
  • Choix de dialogues sans aucun impact
  • Gameplay inexistant
  • La fin va en décevoir plus d'un
  • Une seule conclusion
  • Durée de vie trop courte
  • Aucune rejouabilité
  • Platine ennuyant
10
Je recommande ce jeu : À personne

Pelotedeneige (Pelotedeneige)

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