Lone Survivor : Director's Cut

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 25/09/2013
Genre(s) : Survival-Horror
Territoire(s) : FRANCE

954 joueurs possèdent ce jeu
37 trophées au total
0 trophée online
32 trophées cachés

Platiné par : 228 joueurs (24 %)

100% par : 228 joueurs (24 %)


Note des joueurs :
4/5 - 27 notes

Note des platineurs :
4.2/5 - 19 notes

Test rédigé par Pelotedeneige le 29-01-2015 - Modifié le 12-12-2016

Introduction

Initialement sortie sur PC et Mac au cours de l’année 2012, cette production indépendante issue des studios Superflat Games a fini par atterrir sur bon nombre de machines quelque temps plus tard, dont les consoles Sony, dans une version baptisée Director’s Cut. Ré-éditée par la société Curve Studios, et intégralement traduite en français, cette nouvelle mouture comprend désormais des quêtes annexes additionnelles, des fins supplémentaires ainsi que des lieux et objets inédits (parmi les ajouts les plus significatifs). PlayStation l'a, par la suite, proposé à titre "gratuit" sur le Store européen au sein de son offre de juin 2014.

Tout droit sorti de l’imaginaire de son créateur et compositeur Jasper Byrne, musicien de formation à qui l’on doit quelques travaux sonores sur Hotline Miami et sa future suite ainsi que la réalisation de Soundless Mountain II, un demake de Silent Hill 2, le jeu vous place dans la peau d’un personnage aux portes de l'amnésie, dès lors basiquement baptisé Vous, tentant de survivre dans un environnement grouillant de monstres et essayant tant bien que mal de comprendre ce qu’il se passe autour de lui.

Contenu du jeu

10 heures douche comprise

Malheureusement, Lone Survivor ne brille pas par son contenu ni par la longévité de son aventure. En effet, la trame principale se boucle en cinq heures environ et il faut compter un peu moins du double, à regret, pour l’obtention du Platine. Le jeu ne propose qu’une histoire solo sans véritables collectibles, ni défis. Quelques quêtes annexes viennent bien s’incrémenter au scénario et se révèlent indispensables pour tout boucler à 100 % mais cela s’arrête là.

Cela étant dit, de par l’obscurité de sa trame scénaristique, le titre nous incite à recommencer de zéro à travers un New Game+ (étrange appellation d’ailleurs puisque l’on ne conserve rien) et à emprunter un cheminement différent afin de visualiser diverses fins (cinq au total) dans le but de mieux comprendre ce qui nous arrive. Dès lors, il faut veiller à prendre davantage soin de son personnage ou au contraire aggraver volontairement sa situation mentale. Mais malgré ces embranchements secondaires, extrêmement intéressants au demeurant, impossible de ne pas rester sur notre faim.

Signalons enfin la présence de deux modes de difficulté : Normal et Expert. Malheureusement, ce dernier ne propose guère de challenge supplémentaire et se caractérise uniquement par la disparition de la notification (croix) dès qu’une interaction est possible et par l’impossibilité d’utiliser la carte des lieux, un réel handicap lorsque l’on entame sa toute première partie mais effaçable d’un simple revers de la main pour un second run. Il reste toutefois important de signaler que, sans présenter un caractère insurmontable, le titre demande une certaine exigence pour en venir à bout, notamment dans la nécessité d’appréhender correctement son gameplay.
Note : 2/5

Aspect technique du jeu

Sprite, plus qu'un frisson

Techniquement, Lone Survivor affiche un parti pris clair et assumé : celui de proposer des graphismes en pixel-art présentés en 2D (vue de côté). Clairement, on retrouve un état d’esprit commun avec des jeux comme Hotline Miami, qui ont, eux aussi, choisi une ambiance rétro comme cadre de jeu. Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde, l’appréciation n’étant pas nécessairement corrélée à l’âge, mais il faut savoir que le créateur du soft n’a pas entrepris une telle démarche sans quelque arrières-pensées. En effet, au-delà d’un opportunisme certain à surfer sur la vague nostalgique et retro-gaming visible depuis quelques années, Lone Survivor se présente surtout comme une excellente occasion de prouver qu’un survival horror puise avant tout sa force dans son atmosphère bien plus que dans le (photo)réalisme de ses images.

Car oui, on a peur et aussi étrange que cela puisse paraître, l’aspect graphique y est pour quelque chose. Ultra pixellisés, les monstres n’en sont que plus hideux et menaçants. L’ambiance poisseuse et glauque dans laquelle on baigne se trouve très bien retranscrite par ces sprites gros comme le poing. Nul besoin d’effets visuels de haute volée. Une sympathique palette de couleurs assombries fait parfaitement l’affaire. Ajoutez à cela des arrières-plans sales et grouillant par moment et vous obtenez aisément des décors dans lesquels il ne fait pas bon rester et qui vous mettent profondément mal à l’aise.

La bande-son contribue également à cette atmosphère oppressante autant à travers ses compositions semblant tout droit sorties d’un clavier Bontempi (mais malgré tout si évocatrices) que dans ses bruitages grossièrement restitués, notamment les cris déformés des créatures qui en deviennent terrifiantes et dangereuses. La menace se fait bien réelle lorsque l’on se trouve à proximité de ces ennemis que l’on entend sans savoir où ils se trouvent et il n’est pas rare de sursauter dès lors que l’on entre dans la mauvaise pièce, surtout si, comme on vous le conseille en introduction, vous jouez avec un casque sur les oreilles et dans une pièce sombre, dans la plus pure tradition du genre.

Calcul mental

Comme tout bon survival qui se respecte, le gameplay reste axé sur le manque de ressources et la nécessité de survivre avec le peu dont on dispose au sein d’un environnement hostile. La petite mécanique supplémentaire incrémentée dans Lone Survivor réside dans l’état mental du personnage dont il faut prendre soin. Manque de nourriture, absence de sommeil, massacre de pseudo-zombies, abus de certains médicaments, consommation de produits avariés constituent autant d’éléments pouvant détériorer votre condition psychologique. À l’inverse, un bon repas chaud, un peu de musique, quelques paroles envers une peluche ou la présence d’un animal de compagnie contribueront à renforcer votre condition et vous permettront de faire face aux horreurs du monde extérieur. À vous donc de partir en quête ou non de tout un tas de petits objets ou ingrédients selon vos propres préoccupations et aussi aspirations.

En effet, ce moral conditionne l’épilogue que vous visualisez à la fin de votre aventure. Dès lors, vous pouvez le faire varier à votre guise, la « meilleure » conclusion demandant un enchaînement d’actions bien spécifiques pour en être témoin. Le hic, c’est qu’il est impossible de connaître avec précision sa santé mentale. L’un des seuls indices proviendra de miroirs pouvant vous téléporter. Le personnage esquisse un petit commentaire sur son reflet peu avant son transfert dans une autre pièce ce qui vous donne un léger aperçu de la façon dont lui-même se jauge. Terminons enfin par mentionner un système de sauvegarde assez spécial qui s’active à chaque fois que vous décidez d’aller dormir, une fonctionnalité assez peu pratique au final. Dans la mesure où trop de sommeil peut conduire à un état dépressif dans le jeu, tout comme un manque, cela nécessite parfois de savamment calculer son coup.

Au-delà de ce cadre pensé pour favoriser l’expérience de jeu, Lone Survivor développe son propre bestiaire et laisse le choix quant à l’approche à employer vis-à-vis des monstres qui affichent chacun leurs routines selon leur archétype. Si certaines créatures déambulent dans les couloirs et se précipitent vers vous à vue, d’autres beaucoup moins mobiles rampent à vos pieds tandis que quelques-unes viennent se loger au plafond pour tenter de vous atteindre, sans oublier les boss incontestablement effrayants. Pour vous en défaire vous pouvez naturellement leur tirer dessus (à l’instar d’un TPS "classique", privilégiez la tête pour plus d’efficacité) mais cela débouche sur deux conséquences : vous consommez des balles et cela altère négativement votre mental. Dès lors, l’infiltration via l’utilisation de viande avariée en guise d’appât ou de fusées éclairantes représente une bonne alternative. À vous de voir. Mentionnons néanmoins quelques regrets quant à la faible étendue du catalogue de monstres dont on fait très vite le tour.
Note : 4/5

Plaisir à jouer et à rejouer

Il a tout d’un grand

Si l’on parvient à outrepasser son aspect old school, Lone Survivor se révèle très plaisant à jouer. D’abord, sa prise en main est immédiate. Un bouton pour les interactions, un pour afficher la carte, un pour tirer, un pour gérer son inventaire (même si ce dernier aurait gagné à être plus ergonomique), on ne passe que quelques secondes dans le simulacre de didacticiel offert en début de partie et l’on rentre immédiatement dans le vif du sujet. Mais le réel plaisir de jeu réside avant tout dans l’ambiance instillée par le soft et dans la façon dont les petites mécaniques de gameplay, d’apparence si basique, contribuent à nous plonger dans un authentique survival horror, à favoriser notre immersion dans son univers. La sensation de manque se fait véritablement ressentir, de nourriture surtout car le sympathique personnage éprouve souvent la sensation de faim, et il n’est pas rare de sourire lorsque l’on trouve un bocal de cornichons ou des haricots en conserve. La joie est même intense en présence d’un aliment plus raffiné comme un jambon ou un plat chaud que l’on pourra, sous certaines conditions, cuisiner soi-même (et que dire de l’ultime hamburger). Au final, à chaque fois que l’on éprouve en tant que joueur une satisfaction égale à celle qu’aurait pu exprimer son avatar pour avoir entre les mains un item anodin, c’est une victoire pour le concepteur qui parvient à nous lier intimement à notre double, seul et privé de tout. Et cela arrive souvent. Notons malgré tout que cette surveillance constante pourra fatiguer certains joueurs qui finiront par délaisser Vous que ce soit par lassitude ou par dépit.

Dans la même veine, l’omniprésence de ce sentiment d’oppression décrit plus haut, insufflé par les graphismes et la bande sonore, nous fait craindre l’extérieur et apprécier le retour dans notre appartement. Dehors, ça grouille de monstres, les décors sont délabrés, des bruits étranges émanent en permanence d’on ne sait où. De fait, dès que l’on franchit la porte de son chez-soi, on respire à nouveau, on se sent rasséréné, soulagé. La petite musique qui commence à résonner, d’une grande tranquillité, aux accents bluesy et jazzy, nous fait apprécier ce moment de retour au bercail et à chaque fois que l’on ressort de ce cocon, on n'aspire qu’à réentendre ces quelques notes qui vont à nouveau nous apaiser. Le contraste entre cette ambiance paisible de l’intérieur et l’atmosphère suffocante du monde extérieur est assurément saisissant. C’est dans ce genre de petits détails que l’on juge l’efficacité d’un titre du genre et Lone Survivor remplit haut la main son contrat. Cela étant dit, ce back-tracking perpétuel, ces allers-venues incessantes entre les différents lieux et son foyer permettent certes de relâcher la pression mais finissent par devenir très contraignants voire pénibles sur la longueur.

L’histoire sans fin

L’autre force du jeu provient de son scénario, volontairement alambiqué. Difficile d’en parler davantage sans dévoiler des éléments explicatifs de l’intrigue mais il faut savoir que l’aspect psychologique s’avère bien plus présent que ce qu’il n’y paraît et qu’en réalité les spéculations au sujet des événements qui se déroulent sous nos yeux restent très nombreuses. Tandis que l’on tente d’éviter à notre personnage de plonger dans une totale paranoïa, on se demande si cela n’est pas déjà trop tard. Les PNJ mystérieux se succèdent et certaines situations surréalistes font naître de nombreuses questions. On progresse ainsi dans l’histoire en alternant entre angoisse et intrigue, happé par la peur et la curiosité. Finalement, un début de réponse est délivré au moment du visionnage de l’une des conclusions (certaines étant plus évocatrices que d’autres) mais de très nombreuses interrogations restent en suspens ou viennent à naître dans la foulée. Pour peu que l’on ait accroché à Lone Survivor, on se précipitera alors sur au moins un des quatre épilogues restants.

Et c’est durant cette seconde lecture que l’on prend connaissance de toutes les subtilités insérées dans le récit. Une fois que l’on décèle en filigrane la véritable nature de l’aventure, on commence à percevoir toute la symbolique cachée derrière de très nombreux éléments (objets comme PNJ). L’histoire se révèle peu à peu à nous. Il est très agréable, au final, de voir qu’un titre qui ne paye pas de mine avec son empreinte graphique désuète et sa partition musicale certes sympathique mais peu recherchée, parvient à nous proposer une toute autre réalité, alternative. Malgré tout, même après avoir complété le titre à 100 %, ne se dégage aucune certitude, que des hypothèses. On ne sait toujours pas véritablement de quoi il retourne. Et cela est totalement volontaire. Jasper Byrne nous offre ici une création libre de toute interprétation, sujette à discussion et à débats sans nous délivrer la version officielle, sa propre vision de l’œuvre. Chacun peut donc y voir ce qu’il a envie d’y voir, comprendre ce qu’il veut bien comprendre. C’est d’autant plus gratifiant de savoir que l’auteur préfère s’en remettre à notre intelligence et à notre capacité de réflexion plutôt que de nous imposer une version se voulant universelle.
Note : 5/5

Plaisir à faire les trophées, le Platine / 100%

Petit mais costaud

La première chose qui interpelle lorsque l’on regarde Lone Survivor de loin, c’est le décalage existant entre la facilité et la rapidité à décrocher le Platine indiquées par le guide et le faible pourcentage de récolte associé à chacun de ses trophées (cela est d’autant plus frappant sur un autre site principalement lié aux statistiques de nos chasses). Il existe plusieurs raisons à cela et la première que nous allons citer a été évoquée quelques paragraphes plus haut : il s’agit de l’exigence du titre. En effet, se préoccuper de sa santé mentale tandis qu’aucune visibilité ne nous est donnée (ou presque) sur son niveau demande une attention de tous les instants. Dégrader le moral du personnage ne représente rien de compliqué mais le conserver à son maximum requiert beaucoup de vigilance. Votre double a souvent faim, soif et sommeil et il faut être en mesure de lui apporter au bon moment ce qu’il réclame sous peine de voir son travail anéanti. Sans oublier le système de sauvegarde qui rajoute sa part d'inconfort. Le visionnage de toutes les conclusions (au nombre de cinq, rappelons-le) nécessite donc quelques efforts que tous ne consentiront pas à fournir.

Cette exigence se ressent également dans la préparation et la combinaison de différents aliments à ingérer. Rassembler les bons ingrédients pour se constituer un délicieux hamburger maison, faire torréfier du café par l’intermédiaire des outils nécessaires ou dégoter une canette bien fraîche dans ce monde dévasté n’est pas forcément à la portée de tous si l’on ne suit pas à la lettre une solution ou s’il l’on ne prend pas le temps de farfouiller un peu. D’autant que toutes les actions ne peuvent être exécutées au cours d’une première partie. Attention, l’exercice n’est pas difficile en soi mais il faut savoir se montrer méthodique et appliqué. De même, compléter le jeu sans tirer un seul coup de feu ne représente pas forcément la chose la plus aisée, bien que cela reste accessible. Au final, on ne recense aucun pic de difficulté sur l'ensemble du catalogue mais plutôt une course au Platine globalement assez fastidieuse qu’il n’est pas aisé d’achever sans aide extérieure couplée à une bonne dose de rigueur du fait de nombreuses subtilités.

Pavlov inversé

Une autre explication à cette faible complétion provient aussi de la liste de trophées peu gratifiante du fait d’une spécificité : aucune récompense ne tombe immédiatement quand bien même les conditions d’obtention auraient été scrupuleusement respectées. Il est impératif d’aller dormir pour activer la sauvegarde et visualiser ses exploits une fois que la nouvelle journée démarre, au sortir du lit. Et il faut bien le reconnaître, même si l’on ne joue pas que pour les trophées, cela est frustrant. La seule chose à laquelle on aspire lorsque l’on suit consciencieusement les bonnes indications, c’est d’entendre le ding libérateur qui sonne comme un mot de félicitation envers notre opiniâtreté et comme l'assurance qu'aucune faute n'a été commise. Mais rien ne vient. Si bien que parfois les jours (et les heures de jeu) se succèdent sans qu’une breloque ne poigne à l’horizon. Et nous, êtres conditionnés que nous sommes, en restons contrits. Si le chien de Pavlov salivait au tintement d’une cloche, nous, nous bavons à l’idée de l’entendre et cela survient trop sporadiquement.

Néanmoins, seuls ceux qui n’appréhenderont Lone Survivor qu’en surface ressentiront ce réel manque. Les autres, plongés dans l’univers proposé, s’en apercevront à peine. Il faut dire que cette dynamique bien spécifique résulte d’une véritable volonté du créateur de l’œuvre qui en fait part dès l’écran-titre. Ce dernier conseille en effet, d’entrée de jeu, de couper tout son relatif à l’obtention des breloques afin de rester immergé au maximum. Elles sont visiblement considérées par l'accoucheur du projet comme des mood breakers (briseuses d'ambiance). Et puis, quelque part, cette gratification décalée revêt presque un caractère symbolique : elle vous récompense à votre réveil pour avoir survécu … un jour de plus. Evidemment, toute personne qui court après ces médailles virtuelles et qui se dirigera vers ce titre pour accroître sa collection s’agacera par moment de rentrer plusieurs fois bredouille de sa chasse.
Note : 3/5

Conclusion

Brillant par son scénario tortueux qui demande une seconde lecture, immersif plus qu’il n’y paraît, profondément angoissant malgré son apparent minimalisme, Lone Survivor se hisse au rang des plus grands survival horror grâce à son pouvoir de suggestion et la symbolique qu’il déploie à travers toute son aventure. Claustro-phobique et véritablement malsaine, cette petite production ne pêche que par sa durée de vie bien trop courte et sa liste de trophées relativement exigeante mais prouve qu’il est possible d’égaler les plus gros titres avec seulement quelques bonnes idées.
Contenu du jeu
Aspect technique du jeu
Plaisir à jouer et à rejouer
Plaisir à faire les trophées
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Je recommande ce jeu : Aux spécialistes du genre, Aux curieux

Pelotedeneige (Pelotedeneige)

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