Crossing Souls

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 13/02/2018
Genre(s) : Action , Aventure
Territoire(s) : FRANCE

107 joueurs possèdent ce jeu
33 trophées au total
0 trophée online
17 trophées cachés

Platiné par : 56 joueurs (52 %)

100% par : 56 joueurs (52 %)


Note des joueurs :
3.7/5 - 6 notes

Note des platineurs :
4/5 - 4 notes

Test rédigé par Pelotedeneige le 24-02-2018 - Modifié le 24-02-2018

Introduction

"Cherchez pas, question nostalgie vous trouverez pas mieux ailleurs." - Karadoc

Première production du studio ibérique Fourattic, qui émane d'une campagne Kickstarter réussie, Crossing Souls semble avoir tout pour plaire sur le papier. Avec ses graphismes empreints de nostalgie, le jeu d'action-aventure old-school se présente comme un véritable hommage aux années 80, aussi bien dans son visuel que dans ses références qui ressortent par tous les pores des sprites. Mais si le titre tire allègrement sur la corde sensible, avec son pot-pourri d'influences hétéroclites, reste à savoir si il contient une véritable proposition et si ses concepteurs ne se sont pas contentés de capitaliser sur le simple phénomène rétro sans insuffler un soupçon d'âme supplémentaire. Réponse plus bas, en ces lignes.

Tout allait pour le mieux dans la petite ville de Tajunga et dans la vie de Chris. Les vacances d'été commencent à peine et le beau gosse à la chevelure céruléenne s'apprête à les passer en compagnie de ses meilleurs amis. Mais c'était sans compter un mystérieux orage qui frappe de plein fouet la cité et perturbe le quotidien de ses habitants. Parallèlement, Kévin, petit frère du héros, prévient son aîné et l'exhorte à le rejoindre dans une cabane faisant office de quartier général. Celui-ci a fait une incroyable découverte qu'il souhaite partager avec ses camarades. Incrédules, les adolescents finissent pourtant par se retrouver en possession d'une Pierre de la Douât, un mystérieux artefact égyptien dont le pouvoir suscite bien des convoitises. C'est alors qu'ils se retrouvent embringués dans une série d'événements qui vont les dépasser.

Contenu du jeu

88 miles à l'heure

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Crossing Souls ne brille pas par sa durée de vie. Même s'il parvient à s'ériger dans le haut du panier parmi les productions du genre qui tendent à proposer des expériences globalement éphémères, l'histoire se décline en seulement huit chapitres auxquels s'ajoute un épilogue pour un temps de jeu inférieur à la dizaine d'heures. Un parcours d'autant plus fugace que l'aventure nous est distillée en ligne droite avec une sensation d'empressement parfois frustrante. En effet, il n'est pas rare de se voir refuser l'accès à un lieu précédemment visité sous peine d'avoir pénétré une nouvelle zone. Certes, les développeurs souhaitent impulser un rythme soutenu, plutôt cohérent avec leur démarche, nous poussant sans cesse vers la prochaine découverte mais cela limite grandement l'exploration, la fouille et, dès lors, le temps passé avec nos héros en herbe.

Pourtant, le début se voulait prometteur, notamment de par la présence de mini-quêtes annexes dès la visite de la première ville. Malheureusement, le système ne réitère pas la proposition et c'est avec un brin de résignation que l'on se contente de la chasse aux collectibles, seul élément venant donner du corps à l'ensemble. Souvent ennuyeux, le ramassage se révèle ici pour le moins plaisant notamment grâce à leur caractère humoristique. On déniche cartouches de jeux vidéo, cassettes audio et autres VHS de films, tous détournés d’œuvres ou artistes originaux qui prêtent à sourire et qui incitent à parcourir des chemins alternatifs en vue de les trouver. Tantôt convenus, tantôt malicieusement planqués, les coffres en bois permettent de prolonger agréablement nos instants dans ces bonnes vieilles années 80 pixelisées.
Note : 3/5

Aspect technique du jeu

Au Douât et à l'oeil

Le point fort du titre réside résolument dans son esthétique. La précision de son pixel art et le travail opéré sur le visuel ne manquent pas de caresser les mirettes dans le sens des cils et c'est avec enchantement que l'on se délecte des environnements, d'une grande variété, qui étonnent par leur niveau de détail. Certes, les décors fourmillent de références et clins d'oeil à un passé que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître mais cela ne s'arrête pas à un simple enchevêtrement d'items déposés sur des meubles ou des édifices. La restitution des ombres et des reliefs (sur les roches, les arbres …) fait l'objet d'un soin particulier. Tout comme la retranscription d'un point d'eau en mouvement par quelques lignes blanches venant simuler un subtil roulis provoqué par un poisson remuant que l'on perçoit en transparence. Même constat pour la tenue vestimentaire des différents intervenants, jouables ou non, pour lesquels on distingue nettement tout changement de tissu. De réels efforts ont été opérés afin de rendre le cadre stimulant et aussi agréable que possible avec une jolie palette de couleurs.

Les animations des personnages ne sont pas en reste et font l'objet du même soin. On distingue très nettement chaque mouvement de leurs membres, inférieurs ou supérieurs, tout comme on visualise aisément leurs expressions faciales, de colère ou de tristesse, à partir de simples agrégats de carrés, pourtant si grossiers de réputation. Aucune rigidité n'est par ailleurs à déplorer lors des déplacements ou phases de combats qui se déroulent toujours dans une grande fluidité. Tandis que certains associent le pixel art à de la paresse ou à un manque de moyens de la part des développeurs, Crossing Souls vient nous rappeler que, au-delà de la représentation d'une époque qui sert son propos, cela se présente également, et bien souvent, comme un moyen d'expression et une véritable démarche artistique. Accordons enfin quelques lignes à une bande-son tout aussi rétro qui se veut efficace, aussi bien à travers ses beats dynamiques venant donner du rythme à un passage soutenu que par le biais de ses mélodies plus obscures ou mélancoliques. Soulignons enfin la présence appréciable de cinématiques élaborées telles des séquences de dessin animé, dont l'aspect nous rappelle l'image délivrée par nos vieilles VHS, imperfections à l'appui.

Classe hic

Le gameplay se découpe basiquement en deux séquences de jeu majeures : d'un côté, une composante exploratoire non sans rappeler ce bon vieux Zelda et de l'autre, des phases de combat sous la forme d'un beat 'em up. Si la partie plate-forme trouve aisément sa place dans la structure, on déplore une approximation de la 3D isométrique qui rend difficile l'évaluation des distances et conduit à tomber aisément dans un trou. De même, on constate quelques bugs de collision qui occasionnent une poussée du personnage et, par moment, quelques Out Of Bound nous faisant traverser le décor tel un fantôme et obligeant à recharger une sauvegarde antérieure. Lors de vos pérégrinations, vous pouvez à loisir permuter entre les divers protagonistes de la bande au moyen des gâchettes afin de profiter de chacune de leurs aptitudes et progresser ainsi vers les lieux suivants. Chris démontre tous ses talents lorsqu'il s'agit de faire de la varappe, Matt use de ses chaussures-fusées pour franchir des gouffres ou étendues d'eau, Joe se mue en déménageur, Charlie transforme sa corde à sauter en lance-pierre humain et Kévin … ne produit que du bruit. Il est également possible d'incarner des personnages évoluant dans le monde des morts ce qui vient ajouter un peu de variété bienvenue dans la résolution des puzzles. Tous les enseignements sont délivrés au sein de didacticiels sous forme de pancarte en bois qui apparaissent spontanément.

La versatilité de l'équipe se retrouve également lorsqu'il faut distribuer les gnons puisque chaque membre possède sa propre arme et portée pour privilégier les affrontements à distance ou au corps-à-corps. De même, on note des différences de dégâts en fonction de la corpulence du pugiliste. Néanmoins, on regrette l'absence de mixité dans le bestiaire qui ne contraint jamais, ou presque, à permuter entre les héros pour profiter de leurs avantages. On peut conserver notre ami basketteur en surpoids pour les boss, eu égard à sa force de frappe, mais rien qui n'oblige véritablement à jongler. D'autant que les éclairs paralysants et les sucettes de guérison tendent à pleuvoir si bien que l'on ne se trouve jamais en danger. La jauge d'endurance qui se consomme à chaque saut, esquive ou coup n'y change pas grand chose et il suffit bien trop souvent de spammer la touche Carré pour sortir vainqueur. Seules les joutes contre les patrons de fin de niveaux parviennent à nous stimuler de par leurs constructions plutôt intelligentes ou, tout du moins, qui demandent de fournir quelques efforts physiques et intellectuels.
Note : 3/5

Plaisir à jouer et à rejouer

Vagale âme

Au premier abord, Crossing Souls remporte l'adhésion grâce à sa direction artistique impeccable, ses compositions musicales au service de passages tranquilles ou à enjeu et ses multiples références teintées d'humour. Véritable Stranger Things vidéo-ludique, le titre enchaîne les clins d’œil malins et inspirations : Les Goonies, E.T, Scooby Doo, Gremlins, Retour vers le futur … tout y passe. Au point, parfois, de frôler l'indigestion. Car la production puise également parmi ses ancêtres en singeant Streets of Rage, Aladdin ou encore Raiden. Ces séquences de beat 'em up, de poursuite, d'infiltration et de shmup renouvellent le gameplay de façon fort plaisante en apportant une diversité rafraîchissante tout en venant brosser dans le sens du poil les plus vieux briscards. Le problème, c'est que le jeu ne fait figure que de patchwork, un assemblage de pièces dont il ne ressort aucune identité. Car le titre reste toujours en surface et ne propose jamais rien de neuf. Ce n'est, finalement, qu'une transposition d'un lointain passé, agréable certes, mais sans véritable personnalité.

Ces travers se retrouvent également dans sa mise en scène. Naturellement, l'accumulation de clichés fait partie intégrante de l'ADN du jeu. Certains s'en accommoderont, d'autres non. Le méchant représenté tel un dictateur soviétique sous fond de musique "Star Warsienne" qui se plaît à broyer la trachée d'un subalterne n'est qu'un exemple de ce que l'on retrouve dans l'aventure. Du reste, si le scénario demeure plaisant dans la façon dont il se déroule et dans son rythme soutenu, il n'en demeure pas moins assez rocambolesque, sans véritable réflexion sur des sujets pourtant riches à exploiter et pâti d'une écriture et de dialogues pour le moins naïfs qui tendent, de surcroît, à irriter car parfois trop bavards. Le tempo impulsé nous pousse sans cesse vers l'avant pour se voir ralenti par du texte sans grand intérêt et qui s'étale en longueur. D'ailleurs, parlons-en, de ces tirades. L'effort de traduction française est à saluer autant pour sa qualité que pour l'humour bien retranscrit. Mais on déplore bien trop souvent des erreurs typographiques (un mot manquant, un en trop), de brèves erreurs de formulations en retrouvant la phrase originale et même une perte de sens (scarifié au lieu de sacrifié, hello ?!). Bref, au-delà de ces quelques carences, Crossing Souls paraît un peu trop sage, scolaire et enfantin. Il se contente d'imiter sans jamais égaler. Comme s'il répétait l'avis des autres sans jamais donner son opinion, sa vision personnelle.

Four à tics

Un autre problème survient au fur et à mesure que l'on parcourt l'aventure, relatif aux puzzles et aux efforts à consentir pour en venir à bout. Comme énoncé précédemment, chaque figure possède ses propres aptitudes et évoluer dans les tableaux implique de passer de l'une à l'autre, créant ainsi une complémentarité qui sert la dynamique de groupe et renforce les liens d'amitié d'une confrérie que l'on sent soudée. Si quelques énigmes se révèlent bien pensées dans leur construction, une majeure partie ne nous sollicite pas assez, autant physiquement que mentalement. Au vu de la diversité des profils, on aurait souhaité jongler davantage et ne pas se limiter à une combinaison de deux quand on dispose de cinq personnes. Pire encore, pour des raisons scénaristiques que nous ne dévoilerons pas, le cheminement final se traduit par l'incarnation d'un binôme. Or, c'est ici que l'exploration devient la plus intéressante car elle sollicite réflexe, précision et timing. Dans la plupart des jeux, le groupe de personnages s'étoffe et la progression gagne en complexité parallèlement. Crossing Souls, lui, nous prive peu à peu de nos amis et propose à ce moment-là de meilleurs moments que l'on aurait préféré traverser tous ensemble.

C'est là que l'on s'aperçoit que Fourattic a d'abord eu l'idée de l'univers du jeu auquel s'est greffé, par la suite, un game design. Le contraire de ce qu'il faudrait « normalement » faire. Car on ressent tout un potentiel qui n'a pas été exploité. Kévin ne dispose d'aucun talent au vu de son jeune âge et se contente de produire des sons. Dès lors, on s'imagine déjà devoir détourner l'attention de gardes ou jouer avec cette mécanique pour pouvoir se faufiler discrètement. Mais il n'en est rien. Idem pour les boss qui disposent de séries de patterns bien définis et que l'on pense devoir combattre à plusieurs en permutant entre les personnages. Cela ne survient pas suffisamment. Ces instants n'en auraient été pourtant que plus marquants. Au final, le titre s'avère bien trop gentillet. Il demeure en permanence en surface, autant dans ses mécaniques que dans son récit et ne s'adresse, au bout du compte, qu'à une génération de joueurs au minimum trentenaire pour qui la nostalgie se muera en un cocon douillet et réconfortant propice à la félicité. Les plus jeunes n'y trouveront que peu d'intérêt.
Note : 3/5

Plaisir à faire les trophées, le Platine / 100%

Crossing saoule (parfois)

La liste des trophées, et la chasse en elle-même, présentent quelques imperfections. Tout d'abord, on recense de nombreuses récompenses pouvant être manquées. Rien de nouveau sous le soleil, nous direz-vous. Malheureusement, on déplore l'absence de tout chapitrage rendant impossible la sélection d'un passage particulier pour y faire ses petites affaires. En outre, les trois emplacements de sauvegarde ne cumulent pas les statistiques entre les slots. Une médaille qui se débloque sur la longueur doit donc être obtenue en réalisant une deuxième partie depuis le début, parfois complète selon l'objectif visé. D'aucuns argueront qu'il s'agit d'un écueil d'autant plus dommageable que certaines actions spécifiques sont difficiles à deviner et nécessitent de consulter le catalogue en amont ou parallèlement à la progression. Néanmoins, un brin de curiosité et d'intérêt envers Crossing Souls amène à fouiller le moindre élément et une grande partie des breloques optionnelles s'obtient juste en prenant le temps d'explorer et d'interagir avec les décors et les PNJ. Il suffit juste de s'impliquer.

Cette logique de partie unique s'applique évidemment aux collectibles qui se divisent en pas moins de cinq catégories. Un loupé peut dès lors s'avérer assez préjudiciable. Cela étant, comme stipulé plus haut, le titre n'affiche pas une grande durée de vie. En se contentant du strict minimum et en occultant les dialogues, trois heures suffiront à tout récupérer sur un second cheminement. Toutefois, le ramassage d'objets pâti d'un affichage partiellement chaotique. En effet, les items n'apparaissent pas dans l'ordre d'obtention au sein de l'inventaire. Ainsi, on observe des trous au fur et à mesure de la cueillette en pensant s'être manqué alors que cela n'est pas le cas. Au-delà de la confusion et des questionnements, cela pousse à recommencer du début alors que ce n'est pas nécessaire. Dommage de ne pas avoir pris le temps d'élaborer une interface chronologique qui aurait balayé toute crainte. Enfin, on déplore l'existence de coupes virtuelles buguées qui ne tombent pas malgré l'application stricte des consignes du descriptif sans que l'on sache comment corriger le tir. Il faut alors effacer toute donnée et repartir de zéro en croisant les doigts pour que ça passe, ce qui n'est pas toujours le cas. Espérons que des patchs viendront pallier ces déficiences.
Note : 3/5

Conclusion

Crossing Souls s'apparente à cette compilation/Best Of qui regroupe des titres empreints de bons souvenirs, propices au sourire mais dont on connaît les mélodies par cœur au point de n'y trouver aucune surprise ni identité propre. Petite capsule temporelle d'une génération, le jeu ne s'adresse qu'à une frange de joueurs bien précise et ce n'est pas son Platine, pourtant rapide et facile mais un brin cabossé, qui visera à fédérer massivement.
Contenu du jeu
Aspect technique du jeu
Plaisir à jouer et à rejouer
Plaisir à faire les trophées
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Je recommande ce jeu : Aux chasseurs de trophées/platine facile

Pelotedeneige (Pelotedeneige)

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