Blackwood Crossing

ps4

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 04/04/2017
Genre(s) : Aventure
Territoire(s) : FRANCE

236 joueurs possèdent ce jeu
23 trophées au total
0 trophée online
4 trophées cachés

Platiné par : 216 joueurs (92 %)

100% par : 216 joueurs (92 %)


Note des joueurs :
4/5 - 8 notes

Note des platineurs :
4.4/5 - 8 notes

Test rédigé par Crocdeloup le 13-04-2017 - Modifié le 13-04-2017


Introduction

Un petit studio pour une petite production

Il aura fallu deux ans au studio britannique Paper Seven pour donner naissance à Blackwood Crossing. Créé par un noyau de douze développeurs, ce jeu indé est arrivé sur le ps store le 4 avril 2017. Revenu au goût du jour avec l’arrivée des consoles next-gen, ce type de production souhaite souvent rimer avec nos émotions, ou essentiellement surprendre un public pour ne pas le laisser indifférent. Et c’est en effet le pari osé par cette entreprise située à Brighton, fondée par des anciens de Disney Black Rock, en sortant ainsi sa première œuvre. Mais il ne faut pas s’y méprendre, la relation entre les films d’animation estampillés Mickey et Blackwood Crossing s’arrête aux graphismes, car le second vibre d’une magie nettement moins idéaliste que le premier.

La narration placera le joueur aux commandes de Scarlett et étudiera sa relation avec son jeune frère Finn. Orphelins, ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre pour faire face aux difficultés de la vie. Sous ses traits de conte aux couleurs vives, l’expérience aborde en réalité des thèmes matures, loin de l’écho narniesque de ce simple constat. Alors que Scarlett entre dans le monde de l’adolescence et que Finn reste dans celui de l’insouciance, leurs chemins se séparent... inévitablement ? Cette interrogation sera la seule porte pour entrer dans un soft mystérieux qui se veut le cœur d’une histoire et de sentiments.

Contenu du jeu

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Ici, il n’est nullement question de choix à la manière d’un Telltale ou d’un Heavy Rain pour ne citer qu’eux. Et à la différence de ceux-ci, l’idée n’a jamais été revendiquée. Qualifié par ses concepteurs de jeu d’aventure narratif, il propose un gameplay minimaliste destiné à porter son récit, et ne s’entrave de strictement rien d’autre. Considérant les innombrables risques de spoilers, je vous conseillerai de ne pas regarder la bande-annonce de lancement s'il n'est pas trop tard. C’est un parti-pris, et le studio s’y tient de manière plutôt habile puisque la notion d’interaction est au centre des mécaniques du jeu comme du scénario.

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Pas de narrateur, pas de résumé, si le joueur arrive les yeux fermés, l’entrée en matière est d’autant plus directe. Ce n’est pas un mal, au contraire, les surprises arrivent vite et le challenge de l’immersion est réussi. Scarlett se réveille/vous vous réveillez dans le compartiment d’un train qui défile à toute vitesse sur le chemin de l’incertitude. Le réel perd toute définition pour laisser la part belle aux illusions. Heureusement, la narration ne tombe pas dans le piège de s’attarder sur la confrontation de ces deux univers, et évite ainsi trop de confusion. En effet, la question qui se pose rapidement est plutôt de comprendre ce que le rêve met en scène, quelle vérité, quelle réalité il dissimule. La recette qui fait avancer devient donc davantage celle de la curiosité que de la frustration. Rien n’est véritablement caché au joueur puisque celui-ci ne sait vraisemblablement rien au départ… Il y a donc tout à découvrir. En l’occurrence, c’est une recette qui fonctionne.

L’écriture est réfléchie et la magie opère sans accroc. Le dénouement n’est pas spécialement surprenant mais le cheminement est intéressant, bien amené, et peut semer le doute. Les personnages sont attachants et les émotions se manifestent, à degrés divers suivant la sensibilité de chaque joueur et l’habitude de ce type de jeu. L’histoire reste plaisante à suivre, bien qu’elle ne dure que deux à trois heures, dépendant de la rapidité à résoudre les quelques énigmes (j’y reviendrai), et de la tendance à s’attarder pour contempler ou fouiller. C’est très court, et même si lorsque le rideau se ferme, la conclusion est au rendez-vous, il y a plusieurs éléments qui pourraient être développés ou gagneraient à être contextualisés.

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Les amateurs du 7ème art vont se régaler avec les nombreuses références qui parsèment le titre. Le Silence des Agneaux, Donnie Darko et j’en passe, les affiches de films cultes ou les répliques innocentes de Scarlett, en plus de faire sourire, s’imbriquent parfaitement dans la situation. Même la structure de l’histoire fait penser, supposément de manière fortuite, à Bridge of Terabithia (adapté d’un roman éponyme – Le Secret de Terabithia en français).

Pour finir, la séance se divise en un prologue, quatre chapitres et un bref épilogue séparés par des temps de chargement inégaux sans être trop longs.
Note : 3/5

Aspect technique du jeu

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Ici, Blackwood Crossing frappe juste, très juste même. Le style artistique choisi est parfaitement maîtrisé et soutient l’histoire avec brio. Avec une telle patte graphique, il n’est pas difficile de plonger dans le surréel la tête en avant. Tout ce qui pourrait paraître grossier finit par charmer. Conjuguée à une quasi-absence de problèmes techniques (j’ai été épargnée par les rares chutes de framerate dont témoignent d’autres joueurs), la progression allie fluidité et plaisir. Les couleurs sont vives, la modélisation réussie, et chaque environnement installe une ambiance qui lui est propre.

La bande-son couvre l’intégralité du spectre sentimental. Elle saura provoquer l’angoisse, la gaieté et la mélancolie en accord avec l’histoire. À dire vrai, elle le fait tellement bien que sa discrétion se fait d’autant plus remarquer sur le plan ambiance. Ça rendrait l’avancée presque plate si elle n’était pas aussi courte. Le niveau sonore est un peu inégal en somme, sans que ça ne dérange vraiment.

Quelques mots sur le doublage à présent. Si vos yeux seront peut-être rivés sur les sous-titres français, vos oreilles seront indéniablement attirées par la qualité des voix anglaises, assez remarquables. Elles donneront vie à tous les personnages de façon très convaincante et constituent une véritable plus value pour l’émotion.
Note : 4/5

Plaisir à jouer et à rejouer

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Un réticule de visée grossit dès qu’il est possible d’agir avec (croix) ou d’examiner avec (rond), les boutons (L1) et (R1) servent à parcourir les objets trouvés, et les gâchettes (L2) et (R2) activent les pouvoirs quand c’est permis. Ces quelques mécanismes sont davantage destinés à faire avancer le récit qu’à instaurer une liberté de mouvement. C'est également le cas pour les énigmes à résoudre afin de continuer l'aventure. Elles ne posent aucun réel challenge et servent plutôt à gérer le rythme de la progression. En effet, un système de QTE aurait presque demandé plus d’efforts, mais n’aurait pas eu le même résultat, car le choix de vue à la première personne et ces actions suffisent à impliquer le joueur.

Plus de possibilités d’interactions auraient pu être envisageables, mais l’intérêt n’y est pas. Dès les premières minutes du jeu, il devient évident que les développeurs nous montrent la voie, à l’image du lapin faisant signe à Scarlett, avec patience et douceur, inlassablement. Si ça ne prend pas, il faut passer son chemin. Sinon, il y a un plaisir certain à se laisser guider tant l’histoire est saisissante. Les chances d’éteindre volontairement la console avant le mot de la fin sont faibles.

Mais nous ne sommes plus des enfants, et il y a ces instants suspendus dans le temps où le choix nous est laissé. Le choix de quoi ? Changer l’histoire ? Absolument pas. Personnifier son expérience ? Oui. Il est possible d’opter non pas pour un dialogue précis mais pour un sentiment plutôt qu’un autre lors des échanges entre Finn et Scarlett. L’idée n’est malheureusement poussée qu’une seule fois en laissant l’impulsion du joueur le guider au travers d’une situation. C’est une attention très plaisante rappelant que même s’il n’y a qu’une histoire, il y a plusieurs façons de la vivre.

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La comparaison au grand écran un peu plus haut n’était pas innocente, car finir Blackwood Crossing c’est un peu comme avoir regardé un film. Un récit nous a été conté (avec sollicitation), et pour peu qu’il nous ait plu on le rejouera de temps à autre. Pour une fois le format court penche en sa faveur.

Certes, les surprises du scénario ne sont plus là, la découverte du gameplay progressif non plus, mais il y a une autre donnée qui survient, et pas des moindres. Refaire une telle aventure avec toutes les clés du scénario en main constitue une rejouabilité directe. Les artisans du titre ont laissé traîné quelques fils conducteurs, divinatoires même, indicibles au premier voyage mais tellement évidents lors du second ! C’est presque un jeu dans le jeu. Cela développe un sentiment de complicité qui ne manquera pas de faire sourire ou de réanimer les émotions de l’instant référencé.
Note : 3/5

Plaisir à faire les trophées, le Platine / 100%

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Avec Blackwood Crossing, Noël arrive en avance. Nous ne sommes pas encore au niveau des Telltale ni de The Order 1886 (qui ne comportait aucun trophée (Bronze)) mais avec 23 trophées dont 8 (Or) et 1 (Platine), la liste est assurément généreuse. Et les dorés ne sont même pas les plus “compliqués”.

Une bonne tranche se débloque au cours de la progression et la plupart des autres tomberont naturellement si vous êtes du genre à examiner les environs avec attention. On ne notera qu’un seul collectible (De mauvaise humeur). Il est donc possible de boucler le tout en une partie.

Malgré ce manque d’équilibre, la liste n’est pas trop mal pensée et s’adapte bien à ce que propose le jeu : une histoire.

Elle invite le joueur à l’immersion en le guidant vers des éléments narratifs annexes, puisque Scarlett ponctuera chaque découverte d’une information sur le passé de sa famille. Mieux, au travers d’actions contextuelles (Jacques a dit : ne perds pas et Bonne triche), elle pousse le joueur à se “prendre au jeu” pour souligner le fun de l’aventure. Un bon point s’il en est, le titre évite astucieusement le bombardement de trophées pénibles et redondants.

Néanmoins, de par sa nature et le gameplay réfléchi mais minime, la chasse en elle-même demeurera assez transparente.
Note : 3/5

Conclusion

Difficile de le qualifier de bon ou mauvais, car Blackwood Crossing s’inscrit dans cette mouvance indépendante qui refuse de définir le gameplay comme étant le cœur d’un jeu. Ce seul constat ne laissera guère de joueurs indifférents. Heureusement, il en va de même pour l’histoire qu’il propose, centre de toutes les attentions. Un pari dépaysant plutôt réussi, mais qui ne peut laisser un joueur pleinement satisfait. Une expérience certes pas renversante, mais belle, touchante et très plaisante.
Contenu du jeu
Aspect technique du jeu
Plaisir à jouer et à rejouer
Plaisir à faire les trophées
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Je recommande ce jeu : À un public averti, Aux chasseurs de trophées/platine facile

Crocdeloup (Kirallight)

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