The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me

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Infos complémentaires

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Date de sortie : 18/11/2022
Genre(s) : Aventure
Territoire(s) : FRANCE

674 joueurs possèdent ce jeu
31 trophées au total
0 trophée online
18 trophées cachés

Platiné par : 161 joueurs (24 %)

100% par : 161 joueurs (24 %)


Note des joueurs :
4.1/5 - 12 notes

Note des platineurs :
4.7/5 - 6 notes

Test rédigé par AntoineTyrex le 24-12-2022 - Modifié le 16-01-2023

Introduction

Image

En 2015, le jeu Until Dawn a été acclamé par la presse et par les joueurs grâce au concept qu’il proposait : mêler jeu vidéo et slasher movie, où il était possible de vivre ou de survivre en fonction de ses choix. Depuis, le studio britannique Supermassive Games a publié près d’une dizaine de jeux ayant un rapport plus ou moins direct avec l’horreur. Cette année, ils ont par exemple sorti The Quarry, fleurant bon avec les films de loups garous d’autrefois, mais sans l’étincelle des débuts.

En parallèle du développement de The Quarry, une autre équipe de Supermassive Games a travaillé sur une série de jeux sortis sous la même collection The Dark Pictures Anthology. Depuis 2019, plusieurs opus indépendants les uns des autres ont vus le jour : Man of Medan, Little Hope et House of Ashes. S’ils ont tous des qualités, ils ont surtout été critiqués pour de gros défauts entachant l’expérience de jeu.
Ce 18 novembre est sorti le 4ème opus de cette anthologie venant clore la première saison de celle-ci, The Devil in Me, avec la promesse d’ajouter de nouvelles mécaniques de gameplay et d’avoir appris des précédents opus. Afin de savoir si le diable se cache bien dans les détails, nous allons nous intéresser à ce titre tout en prenant soin de ne pas parler trop de l’histoire vu que tout le sel du jeu repose sur cela.

Une histoire inspirée de faits réels

L’histoire semble de prime abord très conventionnelle tant on a l’impression d’avoir vu ça des dizaines de fois : 5 professionnels de la télévision risquent de voir leur émission de télévision annulée tant leurs dernières affaires n’ont pas intéressé les foules. Le producteur de l’émission décide alors d’accepter la demande d’un mystérieux homme, Granthem Du’Met, qui leur propose de venir sur une île isolée où il a construit une réplique à taille réelle du fameux hôtel de l’exposition universelle, plus connu sous le nom du château des meurtres, où le premier serial killer des Etats-Unis aurait tué des dizaines de personnes, voire des centaines, le bien nommé Henry Howard Holmes (ou H. H. Holmes).

Là où le jeu se démarque fortement de ses prédécesseurs, c'est que H. H. Holmes et le château des meurtres ont réellement existé, ce qui place le jeu dans un niveau de lecture beaucoup plus marqué. Qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce qui est de la fiction ? En lançant le jeu, vous serez d'abord transporté en 1893 face au vrai H. H. Holmes, et vous comprendrez alors très vite que vous allez avoir quelques frayeurs tout le long du jeu.
Contenu du jeu
Le jeu vous met donc dans la peau de ces 5 individus à tour de rôle, et vous fera vivre cette histoire selon leurs différents points de vue. The Devil In Me est avant tout un jeu narratif où vous serez amené à décider du sort des différents protagonistes que ce soit par des options de dialogue ou des QTE à réussir. C’est là tout le sel et toute la richesse des titres du genre dont l’histoire peut sensiblement changer selon les choix du joueur : telle personne sera-t-elle encore vivante ? Aurez-vous choisi de prendre ce chemin plutôt qu’un autre ? Étiez-vous assez concentré pour réussir le QTE qui apparait par hasard ? Tout peut modifier la destinée de nos personnages, et cela fonctionne parfaitement, même si le système atteint parfois ses limites.


Des nouveautés intéressantes mais pas assez exploitées

The Devil in Me reprend donc une formule éculée où il est difficile d’innover aujourd’hui. Afin de proposer de nouvelles choses par rapport au dernier titre du studio, les développeurs ont choisi d’incorporer un inventaire à chaque personnage. Sans révolutionner le genre, chaque personnage a maintenant des objets spécifiques qu’il pourra utiliser le moment opportun : un appareil photo, un crayon, un briquet. Cela ne donne réellement du piquant qu’en mode multijoueur où chaque personne pourra avoir son rôle à jouer, car en solo, cela n’apporte pas grand-chose tant les situations semblent évidentes et convenues, et que cela ne sert aucune énigme digne de vous retenir plusieurs minutes. Il y a d’ailleurs certains éléments qui après plusieurs essais ne m’ont toujours pas servi, mais nul doute que les développeurs ont dû prévoir quelque chose avec lesdits à un moment donné que je n’ai pas découvert.

En parlant de multijoueur, rien de neuf à ce niveau, vous pourrez toujours faire l’aventure avec une personne en ligne ou en coopération locale avec 4 autres amis, où vous passerez la manette à chaque changement de personnage. La réelle nouveauté du titre vient de l’apparition d’actions contextuelles qui dynamisent le gameplay : pousser une caisse pour accéder à une partie surélevée, grimper aux échelles… Cela donne une vraie bouffée d’air à un titre beaucoup trop axé sur des mécaniques vues et revues telles que la présence des QTE, des énigmes à base de portes fermées dont le code se trouve dans la pièce, de circuits électriques à reconnecter ou de plateformes à actionner pour avancer.


Ferez-vous le bon choix ?

Tout le piquant de l’aventure repose donc sur la narration du titre, et la multiplication des chemins que vous pourrez prendre. Contrairement aux derniers titres du studios, les QTE sont moins punitifs afin de ne pas frustrer les joueurs et m’ont semblés moins présents. Les choix de dialogue ou de situation sont eux par contre légions et pourront changer toute la donne : j’ai pu personnellement voir au moins 4 changements majeurs dans le scénario, et un nombre incalculable de petites différences. Je regrette cependant que certaines situations soient totalement incompréhensibles dans la narration, notamment un choix qui devra se faire au hasard et dont l’issue sera la survie de votre équipe. Là où les autres épisodes nous avaient habitués à rester logique et à comprendre nos actions, vous ferez face ici à des situations insensées et ridicules. Alors que l’antagoniste du jeu est un humain comme vous et moi, pourquoi nos personnages ne se défendent-ils jamais et ne font que subir les évènements sans jamais s’armer ? Pire, alors qu’il suffirait parfois de passer par une fenêtre, pourquoi devoir faire un chemin alambiqué qui n’est là finalement que pour grossir la durée de vie du titre ? Même vos personnages auront parfois des réactions complétement imprévisibles juste pour amener le récit sur une autre voie, au détriment de tout ce qui a été construit auparavant.

Et c’est bien là le principal problème du jeu à mon sens : il y a beaucoup trop de clichés dans cet opus, et à trop vouloir glorifier le genre du slasher movie, le studio s’est pris les pieds dans le tapis. Les personnages sont sans saveurs et vous aurez du mal à vous y attacher, avec le cliché du producteur qui maltraite son équipe, la fille au lourd passé, la stagiaire apeurée ou encore la fille franche et dégourdie. Certains axes narratifs censés leurs donner de la consistance sont effleurés (le passé de Kate par exemple) mais l’idée ne va pas plus loin, ce qui casse absolument toute l’essence du jeu, avec l’impression notamment de ne pas avoir évolué tout le long de l’aventure au contraire d’un bon film d’horreur. Le tout donne l’impression d’avoir été fini beaucoup trop vite.

Aspect technique du jeu
Techniquement, c’est là que le bât blesse. Le studio a réussi à faire pire que pour ses précédents jeux, au point de laisser une impression de jeu fini à la hâte. Si nous avons rencontré certains bugs en jeu, ceux-ci n’ont pas suffi à gâcher notre expérience, au contraire du doublage des protagonistes et d’une direction artistique bien trop pauvre.


Un doublage qui fait peur, pour de mauvaises raisons

Le vrai problème de ce titre est de ne pas réussir à traduire ou à faire ressentir de l’émotion. Là où le studio nous avait habitué à des acteurs de qualité et des doublages maitrisés, cela sonne beaucoup trop faux dans cet épisode. Si les animations faciales semblent d’une autre époque aujourd’hui face à la concurrence, le doublage est également à la peine que ce soit en version originale ou en version française. Certaines scènes semblent littéralement surjouées, là ou d’autres tombent relativement à plat. Il est alors vraiment difficile de s’attacher à cette équipe pour laquelle vous n’éprouverez que rarement de l’empathie. Pire encore, certaines phrases ne sont carrément pas doublées en version française, et vous serez constamment confrontés à des phrases issues de la version anglaise que ce soit dans les cinématiques ou en jeu. L’immersion est donc totalement gâchée dans cet opus tant cette partie n’a pas été suffisamment soignée. Le Sound Design reste heureusement bien travaillé, ce qui permet de bonnes frayeurs à certains moments où l’on pense entendre des choses derrière nous.


Des graphismes à la traine

Graphiquement, le jeu semble tenir ses promesses lors de l’introduction. L’ambiance est là, et la réalisation semble soignée. Hélas, plus on avance dans le titre, plus les problèmes surgissent. Couleurs ternes, pièces beaucoup trop vides, des lieux vus et revus, rien ne flatte notre rétine dès la première section du jeu terminée. Au point d’avoir une impression de déjà-vu constante, que ce soit dans l’hôtel ou dans ses extérieurs. La direction artistique manque de panache, et il aurait été tellement plus intéressant de pousser certaines idées au maximum, même si je n’en dirais pas plus pour éviter toute forme de spoiler.

Beaucoup d’entre vous vont probablement se demander si le jeu fait honneur à la PS5 : je vais devoir répondre que non, car le jeu est en fait digne d’une PS4. C’est propre, mais nous sommes très loin des ténors de la console. Le jeu semble figé à la même réalisation que le titre de 2015 Until Dawn et ce ne sont pas les animations des personnages qui me donneront tort. Encore une fois, le jeu donne une impression de titre sorti trop vite, et il aurait pu être beaucoup plus soigné que ce soit dans sa technique pure, que dans sa direction artistique, là où il aurait été facile de briller sans efforts. Qui ne se souvient pas encore du manoir de Resident Evil par exemple ? L'hôtel est beaucoup trop commun, les coulisses de celui-ci se ressemblent toutes, et les extérieurs sont également clichés (un labyrinthe en 2022 ?).

Plaisir à jouer et à rejouer
Après tout ces points, il serait facile de se dire que le jeu n’est pas si bon. Eh bien, au contraire, l’illusion fonctionne finalement assez bien lors de votre première partie. Les plans de caméra sont souvent bien réfléchis et le stress suffisamment présent grâce à la personne du tueur qui, lui, crève l’écran. Vous aurez envie d’atteindre la fin de cette histoire afin de comprendre ce qu’il se passe sur l’ile, surtout que beaucoup d’explications sont cachées ici et là, et qu’il faudra bien prêter attention à tout. Si la narration est trop irrégulière avec notamment une première partie beaucoup trop longue, la deuxième partie marche assez bien avec quelques jump scares très efficaces. De plus, le contexte historique du jeu reste vraiment passionnant pour les férus d’histoires glauques, et le jeu trouvera facilement sa cible.

Tout est fait pour pousser le joueur à l’exploration, notamment avec la présence de journaux, photos, écrits, cassettes audios… qui vous éclaireront sur beaucoup de choses. Sachant que tout ne peut être trouvé sur une seule et même partie, vous prendrez plaisir à refaire l’histoire pour en connaitre tous les embranchements et récupérer les derniers éléments qui vous manquaient. Le jeu vous propose même de partir à partir du chapitre désiré une fois le jeu terminé afin de déterminer à quel moment vous voulez faire un autre choix. Cela fonctionnerait cependant mieux s’il était possible de passer la tonne de dialogues superflus que vous finirez par avoir en horreur une fois le jeu refait plusieurs fois. Certains moments sont sans intérêt dans le jeu, et ne pas pouvoir passer les dialogues gâche réellement le plaisir de refaire le jeu plusieurs fois.

Il existe plusieurs niveaux de difficulté qui jouent principalement sur les QTE et le délai d’action pour les faire. C’est une option intéressante au vu des critiques faites par le passé où certains QTE étaient beaucoup trop difficiles de base. Le jeu reste accessible au grand nombre, et même si l’aventure est vraiment courte (5 heures en prenant son temps), la re jouabilité est réussie pour les joueurs les plus patients. Par contre, ceux qui seront exaspérés par tous les défauts vus précédemment n’auront pas forcément envie de revivre tout ça encore et encore, et ce n’est pas la recherche des prémonitions du futur qui favorisera cela, car elles sont pour le moins anecdotiques dans cet épisode tant certains choix ne reposent finalement que sur le hasard. Je n’ai personnellement réussi qu’à éviter une mort grâce à ces prémonitions.
Chasse aux trophées
Au nombre de 31 dont un platine, les trophées de ce titre ne changent pas vraiment par rapport à ceux des autres titres. Il faudra faire le jeu au minimum deux fois pour obtenir une des fins, et bien plus pour voir les différents embranchements possibles, sachant que bien souvent l’obtention d’un trophée bloque un autre puisqu’il imposait un parcours différent. Il faudra donc s’armer de patience, même s’il est heureusement possible de choisir de recommencer une scène de sa précédente partie terminée afin de ne pas devoir tout recommencer. On n’échappe hélas pas aux habituelles recherches de collectibles (des pièces trouvables tout au long du jeu ou les tableaux de prémonition vous permettant de voir un des possibles futurs) qui ont au moins le mérite de nous faire chercher dans tous les coins du jeu.
Le platine ne sera pas réellement difficile à obtenir, il faudra juste supporter la lassitude de faire et refaire les mêmes scènes encore et encore sans pouvoir les passer juste pour effectuer une action spéciale à un moment qui débloquera un trophée, ou faire mourir tel personnage à tel moment pour le même but.

Par contre, pas de trophées liés à la difficulté ou au mode multijoueur, ce qui rassurera les chasseurs de trophées les moins patients.

Conclusion
S’il clôt une première saison haute en couleur, THE DEVIL IN ME n’a hélas pas tiré assez parti des erreurs et des réussites de ses prédécesseurs, probablement à cause d’un planning de sortie beaucoup trop rapproché. Résultat, malgré une introduction réussie, le jeu se noie dans les clichés et les situations incompréhensibles. Si bien que le joueur ne comprend plus vraiment les choix à faire pour garder son équipe en vie jusqu’à la fin et s’en remet beaucoup trop au hasard dans un jeu dont il est censé maitriser la narration. Dommage pour un titre dont le postulat de base aurait pu probablement lui permettre de devenir la référence du genre.
J'ai aimé
  • Un scénario qui semble intéressant...
  • Une ambiance joliment travaillée par moment
  • Une histoire enfin inspirée d'un fait réel
  • Quelques bons jump scares
  • Des actions contextuelles qui approfondissent le gameplay
Je n'ai pas aimé
  • ... mais qui tourne vite en rond
  • Une technique datée
  • Le doublage catastrophique
  • Des clichés en pagaille
  • Des choix incompréhensibles qui gâchent l'intéret même du jeu
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