Shantae : Risky's Revenge - Director's Cut

Une traversée du désert pour un retour aux sources de l'oasis

Le parcours de Shantae est intéressant de par sa particularité : son premier opus remonte au cours de l'année 2002 sur la game boy color. Malheureusement, le jeu n'a pas connu un franc succès et ce malgré le contenu exclusif sur Game Boy Advance et un très bon accueil des critiques. S'ensuit alors une longue période d'absence jusqu'en 2010 où la suite - celle que nous avons actuellement sur PS4 - sort sur Wii, avant d'envahir les autres supports. Enfin reconnue à sa juste valeur, Shantae continue son bonhomme de chemin avec un troisième opus sorti en 2014 sur 3DS et un quatrième en préparation.

Game Geni(e)al

Il est désormais temps de vous présenter Shantae : demi-génie issue d'une mère génie et d'un père humain, elle doit lutter contre Risky Boots, une pirate désirant la routine habituelle : le pouvoir. Sous ce scénario simpliste se cache un jeu de plateforme prenant, au gameplay maîtrisé mais sa force réside dans son univers chatoyant où les environnements variés se succèdent au rythme des mélopées prenant son inspiration au sein des instruments du Moyen-Orient, le tout enrobé dans un design mignon. Ses suites respectent les canons du jeu de plateforme en 2D dont la version Director's Cut de l'opus Risky's Revenge rend hommage à la période dorée de la Super Nintendo pour notre plus grand plaisir.

Il est beau mon processeur 16 bits

Au cas où ce n'était pas explicite, le jeu assume résolument son côté old-school en s'attribuant des graphismes dignes de la période des consoles 16-bit, en particulier sur la gamme des couleurs qui affiche un ton coloré et chatoyant tout en se permettant le luxe d'être varié. La réussite est telle que les indices pour dénicher les passages secrets sont tantôt bien camouflés, tantôt un léger indice laisse penser à une entrée secrète grâce à un design inspiré de bonnes productions de l'époque. L'animation des personnages est fluide et d'une grande variété, idéale pour deviner les prochains coups des ennemis et des boss, ce qui n'est pas de trop pour vaincre des ennemis récalcitrants dont les patterns dépendent du mouvement esquissé avant l'assaut. On retrouve des scènes de dialogue avec des bulles de conversation et des dessins magnifiques pour illustrer les personnages, bien que cela jure un peu quand on voit l'arrière-plan du jeu.

On aime le (saucis)son

Contrainte délibérée ou non, le fait d'entendre des sonorités digne de la puce de la SNES est très agréable à l'oreille. Ajoutez à cela des instruments du Moyen-Orient et vous obtenez un mélange qui fonctionne. Aucune musique ne lasse et accompagne à merveille l'univers entier du jeu, que ce soit dans le village de départ ou dans une étendue désertique, en passant par les cavernes et les combats de boss. Les bruitages ne sont pas en reste non plus avec des sons propre à chaque ennemi, pratique pour savoir s'ils se déplacent lorsque le joueur est plongé dans une salle hermétique. On regrettera cependant qu'aucune mélodie ne soit réellement marquante mais ce serait pinailler.

Un gameplay certifié par le level design

Jamais un gameplay ne répond aussi bien dans un jeu : l'animation d'une fluidité exemplaire permet de réagir correctement à chaque saut à effectuer, chaque attaque à asséner et même chaque sort à utiliser. C'est bien simple : on a affaire à la véritable grâce d'un demi-génie ! Les commandes obéissent à la perfection et on peut alors diriger librement son personnage, sur terre, en l'air ou dans les mers. Aucun élément de ces mécaniques ne sont frustrantes car tout est bien étudié pour que le joueur ne s'ennuie pas ni ne soit frustré par une difficulté exaspérante ou des redondances dans les déplacements; tout ceci est du au level-design. La carte n'est ni trop grande, ni trop petite, idéale pour ne pas faire de marche longuette ou des phases de recherche qui prennent la tête. Les plateformes sont bien placées et on ne peut plus logiques si on prend en compte le fait que certains donjons exigent d'y revenir avec un pouvoir acquis plus tard afin de découvrir tous les trésors cachés. Ce subtil équilibre est atteint et ce même au niveau de la difficulté avec des phases plus ou moins corsées et des boss dont il faudra étudier les patterns pour les vaincre par la suite sans suer sang et eau.

I.A. et petits dégâts

Peut-être le tout petit point faible du jeu qui est en partie causé par l'âge d'or du jeu de plateforme qui prônait des patterns répétés au lieu d'une certaine autonomie de l'I.A. qui suscite un certain écarquillement. Ainsi on combattra sans souci les méduses et les épouvantails mais on pourra se retrouver en difficulté face aux archères et aux chevaliers. Les boss, quant à eux, sont réglés pour effectuer des actions selon un cycle précis mais vu le challenge satisfaisant qu'ils offrent, on pourra pardonner cet écart. La hitbox est aussi un modèle du genre, sans compter les frames d'invincibilité qui sont calculées pour échapper à des assauts sans pour autant avantager le joueur.
Si aucun freeze ou sauvegarde corrompue est à déplorer, on pourra pester contre certains bugs qui peuvent conduire à un crash du jeu si on effectue des manipulations un peu trop vite au goût du jeu. On pourra aussi soupirer face aux PNJ qui, pour la plupart d'entre eux, ne se résument qu'à une seule fonction : donner un indice ou parler de l'univers du jeu. On notera aussi quelques fautes de frappe et/ou de traduction (le fameux "fischier")

Un peu de tout pour tous les goûts

Ce n'est pas souvent que je parle d'une liste de trophées intelligente alors pour une fois que j'en ai l'occasion, je ne vais pas me gêner. On commence avec un trophée mise en bouche qui récompensera vos efforts pour repousser l'embuscade de départ, rien de tel pour motiver le joueur. On découvre alors des trophées liés à l'utilisation répétées d'un sort d'électricité, d'un pouvoir spécial d'une relique tout aussi spéciale. Viennent ensuite les trophées liés à des actions précises comme vaincre le premier boss en n'utilisant qu'un seul sort ou le boss final sans utiliser de potions, autant de challenges qui rehaussent la difficulté et poussent le joueur à bien comprendre les patterns.
Pour finir, on se retrouve avec les classiques comme finir un donjon à toute vitesse et les différentes fins à obtenir sans oublier d'améliorer et obtenir tous les sorts et pouvoirs disponibles.
Non seulement les trophées sont tous cohérents avec le jeu mais ils aiguillent aussi de manière intelligente sur l'attitude à avoir pour bien finir le jeu et, de fait, obtenir toutes les fins. Certes on pourra reprocher qu'obtenir les fins différentes gonflent de manière drastique la durée de vie mais vu que le jeu est amplement prenant et n'exige pas d'y passer des journées entières, vous pourrez alors obtenir joyeusement le 100% avec des trophées qui donnent un agréable défi sans pour autant être impossible ou rasoir.